Constat A voir les nombreux aliénés mentaux errer à travers les artères de la ville, le visiteur non averti reste perplexe. Cette situation, que des spécialistes en psychiatrie qualifient de dramatique, peut s?expliquer par le démantèlement progressif dont a fait l?objet l?asile psychiatrique Franz-Fanon, une structure dont la vocation principale a cédé le pas à d?autres spécialités après l?introduction d?autres disciplines médico-chirurgicales telles que l?ORL, l?ophtalmologie, la neurochirurgie, la neurologie, auxquelles sont venues s?ajouter la rééducation, la radiologie, la médecine interne, la réanimation et le centre anti-cancéreux qui, à lui seul, occupe deux pavillons de psychiatrie. C?est en 1996 que cet hôpital a été érigé en centre hospitalo-universitaire (CHU) qui a amputé de moitié les capacités d?accueil de l?asile psychiatrique dont le nombre de lits est passé de 2 000 à 1 000 ces dernières années. Même si les tendances de la psychiatrie moderne vont vers une prise en charge extra muros, selon le professeur Bachir Ridouh, celle-ci exige l?existence de plusieurs structures légères dirigées par des équipes médico-socio-éducatives assurant un suivi régulier des patients. Toujours à ce sujet, le Pr Ridouh n?a pas manqué de souligner la cherté des soins ambulatoires dont les résultats attendus ne sont pas évidents devant la paupérisation de la société. Le service de psychiatrie arrive aujourd?hui difficilement à prendre en charge ses pensionnaires, parmi lesquels figurent plus de 250 malades chroniques. La création de l?hôpital psychiatrique de Blida remonte à 1912, date à laquelle une commission instituée à cet effet avait projeté la réalisation d?un asile de 1 200 lits sur un terrain de 80 hectares offert par la municipalité. Ce projet avait été abandonné avec le déclenchement de la Première guerre mondiale pour n?être repris qu?en 1927, date à laquelle une première structure d?une capacité de 100 lits a été édifiée. Cette unité a connu par la suite plusieurs opérations d?extension et ne fut inaugurée officiellement que le 8 avril 1938, devenant ainsi l?hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. L?histoire de cet établissement a été marquée entre 1953 et 1957 par le passage du docteur Franz Fanon, qui a introduit de nouvelles méthodes thérapeutiques dont la psychothérapie institutionnelle qui consiste à développer chez les malades des formes de vie collective favorisant sa resocialisation.