Recul Après l?introduction d?autres spécialités médicales, Frantz-Fanon n?est plus le même. A voir les nombreux aliénés mentaux errer à travers les artères et ruelles de la ville de Blida, le visiteur non averti ne peut concevoir que cette ville abrite le plus grand asile psychiatrique du pays et même d'Afrique : l'hôpital psychiatrique Frantz-Fanon, où le célèbre docteur avait innové dans le traitement des malades mentaux. Aujourd'hui, cet hôpital a le «spleen» et ne peut plus assurer une réelle prise en charge des malades mentaux comme cela a été le cas durant les années 1970 et 1980. Cette situation, que des spécialistes en psychiatrie qualifient de «dramatique», s'explique notamment par le démembrement progressif dont a fait l'objet cette structure, dont la vocation principale a cédé le pas à d'autres spécialités médicales. Après l'introduction de disciplines médico-chirurgicales telles que l'ORL, l'ophtalmologie, la neurochirurgie et la neurologie, sont venues se greffer la rééducation, la radiologie, la médecine interne, la réanimation et le centre anti-cancéreux qui, à lui seul, a pris deux pavillons de psychiatrie. C'est en 1996 que l'hôpital psychiatrique de Blida a été érigé en Centre hospitalo-universitaire (CHU), réduisant ainsi les capacités d'accueil de l'asile psychiatrique dont le nombre de lits est passé de 2 000 à 1 000 ces dernières années. Selon le Pr Bachir Ridouh, responsable du service de psychiatrie, «même si les tendances de la psychiatrie moderne vont vers une prise en charge extra-muros, celle-ci exige l'existence de plusieurs structures légères avec à leur tête des équipes médico-socio-éducatives assurant un suivi régulier des patients». Le service de psychiatrie arrive aujourd'hui difficilement à prendre en charge ses pensionnaires, parmi lesquels figurent plus de 250 malades chroniques. Cette situation a été rendue épineuse avec l'émergence de nombreux cas de traumatismes psychiques majeurs à la suite des crimes et exactions terroristes qu'a connus le pays ces dernières années. Le CHU de Blida, qui vient en seconde position à l'échelle nationale après celui d'Alger, renferme le plus grand nombre d'enseignants de rang magistral en psychiatrie. De ce fait, il prend en charge les patients en psychiatrie des wilayas de Blida, Chlef, Aïn Defla, Djelfa, Tipasa et Médéa. L'idée de créer un hôpital psychiatrique à Blida remonte à 1912, mais ce n'est qu'après le passage du docteur Frantz Fanon, un ardent militant de la cause nationale, que cet hôpital passera à la postérité. L'histoire de cet établissement, qui a notamment inspiré Albert Camus dans son livre L?Etranger, a été marquée entre 1953 et 1957 par la thérapie révolutionnaire du docteur Fanon qui a introduit de nouvelles méthodes de traitement des malades mentaux.