Evidence S?il est un fait que cette pathologie a toujours existé, il n?en demeure pas moins que la santé mentale des Algériens a pris un sérieux coup au cours de la dernière décennie. En effet, Alger offre des images des plus saisissantes. Violents, agressifs ou indifférents, ils sont là ! On les croise, on les côtoie à chaque coin de rue et dans les différentes artères de la ville. Les chiffres officiels ne peuvent, certainement pas, être pris à la lettre, dans la mesure où nombreuses sont les personnes atteintes qui fuient les structures sanitaires. Celles-ci ainsi que leurs proches préfèrent la «roqia» des exorcistes qui profitent des carences institutionnelles. Notons qu?en 2003, il a été recensé pour la seule ville d?Alger 69 025 malades mentaux et 2 223 consultations en psychiatrie d?urgence. Ces statistiques sont la preuve de la situation inquiétante de la santé mentale en Algérie. Dans les trois grandes structures hospitalières spécialisées d?Alger, qui datent, pour rappel, de l?époque coloniale, se côtoient malades dépressifs, épileptiques, toxicomanes? Cet état de fait révèle le retard considérable enregistré dans la construction d?infrastructures spécialisées. Pour remédier à ces insuffisances, le ministère de la Santé a tenté, à travers l?installation des commissions de wilaya composées entre autres de psychiatres, de magistrats et de médecins généralistes, de récupérer les malades mentaux errants. Néanmoins, ce dispositif n?a été d?aucun secours pour la majorité de ces malades. Par ailleurs, cette demande sans cesse croissante trouve, selon les professionnels de la santé mentale, son origine dans deux facteurs essentiels: la pauvreté et le terrorisme, deux éléments qui ont contribué à la l?émergence d?une nouvelle catégorie de psychotiques. Ceux-ci ont, indique-t-on, plus besoin d?une prise en charge psychologique d?ordre social et affectif que psychiatrique. Il est utile enfin de souligner que la réalité amère dans laquelle baigne, aujourd?hui, ce type de malades est la même, aussi bien pour les plus chanceux qui ont trouvé refuge dans les asiles que pour ceux qui continuent à errer dans les rues de nos grandes villes.