Démarche n A l'origine du mouvement de résistance des Zibans, Cheikh Bouziane, porteur d'eau à La Casbah d'Alger. L'homme de Biskra a su rallier des hommes et des femmes, toute une population, pour contrer les excès des nouveaux colons. Ce fut la terrible guerre des oasis et le massacre des innocents. Dans «Zaâtcha 1849», un livre paru aux éditions Anep, l'auteur, Mohamed Balhi, revient sur l'épopée des insurgés algériens lors de la bataille des Zibans contre la pénétration coloniale. Des événements qui, selon lui, sont d'actualité grâce à l'appel d'associations, d'intellectuels pour le rapatriement des 34 crânes de résistants, pris comme trophée de guerre. Le livre se présente comme une occasion de plus, pour faire bouger les choses afin que les autorités algériennes interviennent dans la restitution des restes des premiers révolutionnaires de la cause algérienne et ceux de la bataille des Zibans, stockés dans des cartons au niveau du Musée de l'Homme de Paris. A cet égard, l'auteur de «Zaâtcha 1849», lui-même engagé dans l'action de rapatriement, a profité de l'opportunité, et ce, lors de la présentation de son livre à la librairie Chaib Dzair hier, pour mettre en exergue les propos de responsables du Musée ayant affirmé qu'il «n'y avait pas d'objection au rapatriement des crânes si l'Etat algérien venait à en émettre une demande». Notons qu'une pétition a été lancée pour la restitution des restes mortuaires des résistants algériens morts au champ d'honneur au début de la colonisation, conservés dans les sous-sols du Musée de l'Homme à Paris. Mise en ligne, à l'initiative de Brahim Senouci, enseignant algérien établi en France, la pétition a recueilli des centaines de signatures. Selon le texte de la pétition publié sur le site (www.change.org) et devant être remis au musée parisien, l'action vise à rapatrier en Algérie les restes des héros algériens pour y recevoir une digne sépulture. Les signataires appellent les autorités algériennes à entreprendre auprès de l'Etat français «les démarches nécessaires» au rapatriement en Algérie de ces restes mortuaires. Outre le crâne de Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtchas, il y a aussi ceux appartenant à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla (l'homme à la mule), à Moussa El Derkaoui, à Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui, à Aïssa Al Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla… Par ailleurs, Mohamed Balhi a mis l'accent sur une réécriture de notre histoire, particulièrement sur les premières décennies de la pénétration française « par des historiens algériens » à partir de « l'intérieur » sans avoir recours à une vision importée. Cette approche, selon l'auteur pri vilégierait plus de subjectivité. «Le drame des Algériens, c'est que l'on est obligés d'écrire sur notre histoire à partir d'archives françaises ou de bulletins miliaires de l'époque…», a-t-il regretté. Et de déplorer l'ignorance de la jeunesse algérienne des premières révoltes algériennes contre la pénétration coloniale en Algérie, notamment sur Cheikh Bouziane et l'épopée de la bataille de Zaâtcha. Alors que, a-t-il relevé, «le combat acharné de la population et des combattants des Zibans sont encore étudiés à l'académie militaire de Saint-Cyr sous le thème de la Guerre des oasis». Leila N. l Revenant sur la dimension historique du «génocide de Zaâtcha», l'écrivain a fait remarquer que ni le massacre des habitants des oasis de Biskra ni la résistance héroïque des ksouriens, assiégés par l'armée coloniale en ces années 1840, n'apparaissent comme un fait historique dominant dans l'historiographie nationale, comparativement à d'autres mouvements de résistance. Il faut rappeler que Cheikh Bouziane, Moussa et Lahcène ont été exécutés sur ordre du général Herbillonet, leurs têtes exposées sur la place de Souk Lahchiche à Biskra. Concernant la puissance du legs de la tradition orale, Balhi reconnaît que l'oralité par le biais des poètes, des gouals et autres chantres, a permis de pérenniser cette page de l'histoire, ainsi que l'héroïsme de Cheikh Bouziane et de ses compagnons. D'où le travail de mémoire exercé par «chaar el melhoun», ou la poésie populaire, avec son action de fond sur la culture du sentiment nationaliste. Ce qui n'a pas été sans revers puisque, nous dit Mohamed Balhi, les représailles ont sévi sur les bardes qui ont créé un répertoire de textes oraux, chanté, propagé les exploits de la bataille de Zaâtcha et de Cheikh Bouziane. Ce qui nous a permis, lors de la rencontre à la librairie, d'écouter, par la voix du président de l'association de «Chaâr el melhoun», deux strophes de poèmes dédiés à cette époque sanglante des Zibans. Mohamed Balhi rappellera, pour ceux qui ne le savent pas, que Victor Hugo et Lamartine, monuments de la splendeur poétique française, si romantiques étaient-ils, considéraient la colonisation comme un bienfait… Plus que le registre fort du symbolique, il y va de la préservation de notre identité nationale, 37 crânes d'Algériens du Musée de l'Homme attendent de regagner la terre natale.