Résumé de la 5e partie n Un éclat de rire général accueillit le beau discours du roi et Petit-Jean vit bien que ce dernier se moquait de lui. Il pensait à part lui que la princesse était bien jolie et qu'il eût été bien agréable de réussir à garder les lapins, ne fût-ce que pour se revancher des éclats de rire et rendre au monarque la monnaie de sa pièce. Il n'eut point fait vingt pas que la vieille grand'mère se trouva tout à coup devant lui. «Eh bien ! mon petit fieu, lui dit-elle, avez-vous eu bonne dringuelle ? — Pas trop bonne, grand'mère. Le roi avait à peine fini de manger mes pêches qu'il m'a envoyé paître… ses lapins. — Et tu n'y es pas allé ? — Si fait. — Eh bien ? — Eh bien ! on ne les a point plus tôt lâchés dans le bois qu'ils ont pris leurs jambes à leur cou. — Il faut les rappeler. — Mais comment ? — Avec ceci.» Et elle lui tendit un petit sifflet d'argent. «Merci, grand mère,» dit le sautériau, et il donna, sans hésiter un grand coup de sifflet. Aussitôt les douze lapins blancs d'accourir, par sauts et par bonds, de toute la vitesse de leurs pattes. Il renouvela deux ou trois fois l'expérience, et toujours elle réussit à souhait. Pierre, enchanté, laissa alors son troupeau brouter le thym et le serpolet, et s'en alla près de là, au cabaret du Noir-Mouton boire une pinte en fumant sa boraine. Le soir, qui fut penaud ? Ce fut le roi quand il vit revenir Petit-Pierre poussant devant lui ses douze lapins et faisant : Prrrou ! prrrou ! du haut de sa tête. «Est-ce que le drôle serait sorcier ? dit le monarque à ses courtisans. C'est égal, il n'est point possible, savez-vous, qu'un pareil manneken épouse l'héritière présomptive du trône des Pays-Bas. — Si Votre Majesté le permet, hasarda le sire de Nivelle, je me fais fort que le manneken ne ramènera pas demain son troupeau au complet. — Va, mon ami, répondit le souverain, et, si tu réussis, je te donne ma fille, bien que tu ne sois point fils de roi, sais-tu, et que tu me paraisses bien gros pour la rendre heureuse.» Le sire de Nivelle était gros, en effet, comme un tonneau, et il ne fallait pas moins qu'une pareille rencontre pour qu'il osât prétendre à la main de la princesse. Le lendemain, il s'en alla au bois avec son chien, et se mit en quête de Petit-Pierre. Le sautériau, pour passer le temps, avait coupé une branche de sureau et il était en train de fabriquer une canonnière ou plutôt, comme on dit chez nous, une arbute, quand il avisa de loin le gros seigneur. Vite, d'un coup de sifflet, il rassembla son troupeau. A suivre