Défection n La crise au Gabon a vécu un nouveau rebondissement, hier soir, avec une première défection de haut niveau dans l'entourage d'Ali Bongo Ondimba, son ministre de la Justice. Le ministre de la Justice du Gabon et deuxième vice-Premier ministre, Séraphin Moundounga, a annoncé qu'il a démissionné lundi. Il a demandé le «recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote et procès-verbal par procès-verbal.» La vie a repris, hier lundi, dans un calme précaire après une paralysie totale de l'économie due à l'élection présidentielle du 27 août et aux violences meurtrières accompagnées de pillages massifs qui ont suivi l'annonce de la réélection contestée du président Bongo. A Libreville, le centre de la capitale a retrouvé son animation habituelle, malgré un appel lancé la veille par l'opposition aux Gabonais à rester chez eux «pour des raisons de sécurité». Mais les habitants doutent que la crise post-électorale soit achevée. L'opposant Jean Ping, qui se déclare «président élu», a demandé, hier lundi, aux Gabonais de «résister par le blocage économique du pays» en lançant un appel à une «grève générale» pour «faire tomber le tyran», dans une déclaration sur sa page Facebook. Celle-ci n'est toutefois pas accessible au Gabon en raison de la coupure des réseaux sociaux. Une question commence à se poser : M. Ping, va-t-il déposer un recours devant la Cour constitutionnelle d'ici à jeudi, la date limite ? Plusieurs dizaines de personnes se sont, par ailleurs, regroupées, hier lundi, devant le palais de justice de Libreville dans l'espoir d'obtenir des nouvelles d'un proche introuvable depuis le début des violences, alors que le parquet doit entendre des centaines de personnes arrêtées lors des troubles de la semaine dernière. Des dizaines de Gabonais cherchent toujours un proche introuvable depuis les violences et les centaines d'arrestations qui ont suivi l'annonce de la réélection contestée d'Ali Bongo mercredi dernier.La France est pour sa part «sans nouvelles de plusieurs de ses compatriotes» après les troubles violents qui ont suivi l'annonce de la réélection contestée du président Bongo, avait déclaré, lundi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. «Des arrestations ont eu lieu ces derniers jours. La France est sans nouvelles de plusieurs de ses compatriotes», a déclaré le ministre, qui exprime «sa vive préoccupation». Une dizaine de personnes, possédant toutes la double nationalité franco-gabonaise, ne peuvent être localisées, a-t-on précisé de source diplomatique. De son côté, l'Union africaine (UA) a annoncé qu'elle était prête à envoyer une délégation au Gabon. «Une délégation à haut niveau composée de chefs d'Etat africains, accompagnés par de hauts responsables de la Commission de l'UA et des Nations unies, est prête à être envoyée à Libreville, dès que les conditions pour une visite seront établies». L'internet, qui avait été partiellement rétabli lundi après une coupure totale de cinq jours, a été à nouveau coupé.