Histoire n Avec sa verve connue, quoique la voix enrouée, Mme Oufriha a abordé la question du développement de la cité millénaire et la prospérité qui y régnait sous la dynastie des Zianides qui gouvernèrent de 1236 à 1554. La dimension socioculturelle et politique de Tlemcen, capitale du Maghreb central, a été le thème de la rencontre animée hier par Fatima Zohra Oufriha, à la librairie de l'ANEP Dzaier Chaïb. C'est avec «Tlemcen, capitale musulmane, le siècle d'or du Maghreb central», un ouvrage qui clôt la trilogie publiée par l'historienne que s'est déroulée la rencontre. Une rencontre consacrée au passé glorieux et mouvementé de celle qui marqua l'histoire de l'Occident musulman. Nul besoin de présenter cette universitaire à la retraite qui, d'économiste, s'est reconvertie en historienne. Et comme elle ne cessera pas de le répéter, ses ouvrages, objet de longues recherches et investigations, sont des livres destinés au grand public. Des livres qui donnent l'occasion de se rapprocher du passé de la cité illustre, qu'on avait baptisée «La perle du Maghreb» et des différentes dynasties qui l'ont administrée. Avec sa verve connue, quoique la voix enrouée, Mme Oufriha a abordé le développement de la cité millénaire et la prospérité qui y régnait sous la dynastie des Zianides qui gouvernèrent de 1236 à 1554. La grandeur et la réussite de l'Etat de Tlemcen, alors incontournables sur la route de l'or, sont dues à la témérité du fondateur Yaghmoracen Ibn Ziane, des Béni Abdelwad. La cité-Etat atteint le plus haut degré de supériorité dans tous les domaines pour être reconnue comme le foyer des lettres et des sciences et s'épanouir en son «son siècle d'or». Yaghmoracen, alors à la tête d'un royaume qui était en pleine expansion a œuvré dans le sens à asseoir les bases d'un Etat autonome, avec des limites géographiques déterminées, en léguant à ses descendants ce que les historiens nomment «le testament politique». Une transmission ayant présagé les fondements de ce qui est l'Algérie actuellement. La conférencière relèvera les actions menées par les différents successeurs à la tête du royaume de Tlemcen, notamment Abou Tachfine, Abou Moussa Hamou 1er, Abou Moussa Hamou II en axant ses propos sur les luttes intestines qui minèrent la dynastie Zianide pour la mener jusqu'à son déclin. Cité intellectuelle, religieuse, mystique, elle comptait pas moins de cinq médersas, ancêtres de nos universités des temps modernes, dont la première a été érigée par Abou Moussa Hamou 1er. Tlemcen avait tissé des liens étroits avec nombre de villes occidentales, notamment avec El Andalous, dont elle accueillit les réfugiés chassés par les chrétiens. La capitale du Maghreb central, «Médine de l'Occident» entretenait également des relations avec Bilad Cham (la Grande Syrie), qui était également à l'apogée de son rayonnement intellectuel et scientifique. Tlemcen l'antique ne pouvait être racontée sans évoquer les deux figures emblématiques et saints protecteurs, Lalla Setti et Sidi Boumediene. Parler du contexte économique à l'époque Zianide ? «J'avoue que c'est la partie sur laquelle j'ai eu des difficultés en termes de documentation et de données. Sur ce chapitre, c'est le désert total. En l'absence d'écrits, je n'ai pas pu approfondir la question économique de cette période», souligne la conférencière. Mme Oufriha signale qu'elle s'attelle à traiter ce sujet par le biais d'un texte à traduire et à analyser. «Un traité du savant El Oqbani (Muaahada el Hisba), une étude sur le contexte économique au cours de ces siècles», dit-elle. Par ailleurs, elle n'a pas caché sa consternation que des universitaires, des chercheurs et autres intellectuels spécialistes de l'histoire de Tlemcen n'aient pas eu la présence d'esprit de se pencher sur un texte de cette envergure historique.