Résumé de la 2e partie Isabelle Eberhardt apprend l'arabe, se convertit à l'islam et se rend dans le grand Sud algérien? Elle est prise par ses chevauchées dans le désert quand elle reçoit une lettre lui annonçant la mort de sa mère. Elle décide aussitôt de rentrer en France. En se retrouvant dans les rues grises de Paris, elle regrette déjà les maisons lumineuses du désert et les couleurs chatoyantes des dunes de sable. Dans ses mémoires, elle écrit, pleine de nostalgie : «Aller là-bas, à Ouargla, au seuil du grand océan de mystère qu'est le Sahara et m'y fixer, y fonder ce foyer qui de plus en plus me manque... Une petite maison en toub à l'ombre des palmiers. Vivre d'une existence double : celle d'une aventurière du désert et celle, calme et douce, de la pensée.» En 1900, c'est la grande exposition universelle, à Paris. Elle s'y rend et se fait aussitôt remarquer par sa tenue : elle porte des pantalons et des vestes comme les hommes ; elle a un langage franc qui lui attire la sympathie des féministes. Un jour, une femme, responsable justement d'un groupe féministe, l'aborde. «Je reviens d'Algérie, dit Isabelle. J'ai passé quelques mois au Sahara, on y vit librement, sans les entraves de la société bourgeoise.» Elle brosse un tableau idyllique des femmes bédouines. «Elles sont pauvres mais dignes ; j'en ai connu qui n'ont pas de quoi vivre mais qui, parce qu'elles sont aimées, sont heureuses ! ? Et si vous mettiez cela par écrit ?, lui dit la jeune femme. ? Par écrit ? Je n'ai encore rien vécu pour écrire mes mémoires ! ? Nous voulons que vous collaboriez à notre journal ! Acceptez-vous d'être notre collaboratrice ? ? Pourquoi pas ?» dit Isabelle. Le journal, La Fronde, est la première publication féministe de Paris. Isabelle écrit des articles enflammés sur le Sahara, la femme bédouine. Elle défend aussi la cause des femmes dans le monde, réclamant pour elles plus de liberté et d'égalité... Ses articles lui attirent beaucoup de sympathisants, des femmes mais aussi des hommes séduits par sa façon de vivre. Certes, Paris, en ce début du vingtième siècle, est une ville plutôt ouverte sur les idées nouvelles et le progrès, mais la question féminine ne tient pas encore une place importante. On l'invite dans les salons. Elle n'est pas très à l'aise dans la société mondaine, mais comme il y a beaucoup de féministes, elle est très entourée. «Parlez-nous de vos aventures aux Sahara...» L'exotisme colonial est à la mode et on ne se lasse pas de l'entendre décrire les villes qu'elle a visitées, les gens qu'elle a rencontrés. Mais à chaque récit, à chaque description, elle dit avec nostalgie : «Il ne suffit pas d'en parler, il faut le vivre...» (à suivre...)