Résumé de la 89e partie n Arrivée à l'écurie, Jenny trouva Joe très inquiet et son sourire habituel avait disparu. Ne vous inquiétez pas, Joe. J'en fais mon affaire. Les enfants seraient trop tristes s'il arrivait un malheur à Randy.» Elle le regarda partir précipitamment sur la route boueuse, puis décida : «Venez, les filles. Allons nous promener. Vous verrez les poneys plus tard.» Elles filèrent en avant à travers champs. Leurs bottes en caoutchouc faisaient flic-flac. Le sol commençait à dégeler. Ils auraient peut-être un printemps précoce après tout. Jenny essaya d'imaginer ces champs gonflés d'herbe et de luzerne, ces arbres nus chargés de feuilles. Même le vent semblait moins cinglant. Dans les pâturages exposés en plein sud on apercevait les bêtes, la tête penchée, reniflant la terre comme si elles broutaient d'avance les pousses prêtes à jaillir. J'aimerais me mettre à jardiner, songea Jenny. Je n'y connais rien, mais je pourrais apprendre. C'était sans doute le manque d'exercice qui la rendait patraque ; cen'était pas uniquement les nerfs. La sensation de moiteur, de nausée, la reprit soudain. Elle s'arrêta. Etait-ce possible ? Seigneur Dieu, était-ce possible ? Mais bien sûr ! Elle avait ressenti exactement la même chose lorsqu'elle attendait Beth. Elle était enceinte. Tout s'expliquait, le corsage de la chemise de nuit trop serré, les vertiges, les maux de cœur, même les moments de dépression. Quel merveilleux cadeau à offrir à Erich ce soir, lui dire qu'elle croyait attendre un enfant ! II désirait un fils, un héritier pour la ferme. Le personnel de nuit du restaurant n'était sûrement pas celui qui servait le déjeuner. Tout irait bien. Le fils d'Erich «Randy, cria Tina. Regarde, Maman, c'est Randy. — Oh ! tant mieux ! fit Jenny. Joe était inquiet.» Elle appela «Randy, viens ici.» Le chien devait avoir coupé à travers le verger. Ils'arrêta, se retourna, regarda Jenny. Beth et Tina se mirent à courir vers lui en poussant des cris perçants. Avec un jappement de plaisir, il fila ventre à terre vers les champs au sud. «Randy, arrête», cria Jenny. Aboyant bruyamment à présent, le petit chien bondit droit devant lui. Pourvu qu'Erich ne l'entende pas, pria-t-elle. Pourvu que Randy n'aille pas vers les pâturages. Erich sera furieux s'il va déranger les vaches. Une douzaine d'entre elles vont bientôt vêler. Mais le chien ne se dirigeait pas vers les pâturages. Il changea brusquement de direction et partit vers l'est de la propriété. Le cimetière. Il filait tout droit vers le cimetière. Jennyse souvint de Joe riant des trous que creusait Randyautour de leur maison. «Il va se retrouver en Chine, un jour, Jenny. Vous devriez le voir. Dès qu'un endroit dégèleun peu, il fonce dedans.» Si le chien se mettait à creuser dans les tombes... Jenny dépassa les filles, courant aussi vite que le lui permettait le sol spongieux. «Randy, cria-t-elle à nouveau. Randy, viens ici.» A suivre