Résumé de la 3e partie n Le mouton était allé rejoindre son frère dans l'étable du mayeur, et Boisvert ne fut pas surpris de les y trouver tous les deux. Lire, écrire et compter comme une synagogue. Rien ne forme autant que les voyages. — Eh bien ! fixe-toi à Erchin. Tu gouverneras la commune sous mon nom. Le grand Guillaume, mon greffier, commence à radoter et n'est plus bon qu'à mettre aux Vieux-Hommes. Je te donne sa place. — Grâce au tour du bâton, c'est quelquefois un métier d'escamoteur, répondit la Guerliche, mais à Erchin il ne doit point rapporter gros. Je veux y joindre celui de marchand de farine. Prêtez-moi quelques milliers d'écus pour construire un moulin, et j'accepte. Je suis las de courir le pays, et d'ailleurs j'ai envie de prendre femme. — Marché conclu !» dit l'autre. La Guerliche fit bâtir un moulin sur les monts d'Erchin, près du sentier de Roucourt, à deux pas de la ferme du mayeur ; et c'est ainsi que d'escamoteur il devint greffier de mairie et meunier, pour ne point dire voleur. Il faut pourtant lui rendre cette justice qu'il ne vola pas plus que ses confrères et se contenta de tirer, selon l'usage, d'un sac double mouture. Or, il arriva un jour que le roi des Pays-Bas vint à Douai pour voir la procession de Gayant. En se promenant le lendemain au soleil des loups, je veux dire au clair de la lune, il avisa le moulin et la ferme qui étaient des plus beaux qu'il y eût en pays flamand. «À qui ce moulin ? dit-il. — Au meunier la Guerliche, sire. — Et cette ferme ? — Au mayeur Sans-Souci. — Sans-Souci ! voilà un particulier qui a plus de bonheur que son monarque. Minute ! je vais t'en donner, fieu, du souci. Qu'on aille lui annoncer de ma part que je l'attends d'aujourd'hui en huit pour me dire trois choses : I° ce que pèse la lune, 2° ce que je vaux, et 3° ce que je pense. S'il répond de travers, tant pis pour lui, il sera pendu.» Le roi des Pays-Bas avait parfois de singulières idées, mais le métier de roi n'est mie aussi commode que celui de mayeur, et il faut bien passer quelques fantaisies aux pauvres gens qui sont condamnés à l'exercer. Quand le mayeur vint boire sa pinte au Bon Couvet, il avait l'air triste comme un jour de pluie et l'esprit si préoccupé qu'il perdit à la file cinq parties de mariage. «Vous voilà tout busiant, dit la Guerliche, que son maître n'avait point vu entrer. Qu'est-ce que vous avez qui vous trotte par la cervelle ? — J'ai fieu, que je ne dormirai point de la nuit, et que dans huit jours je serai pendu. C'est sûr. — Pendu ! myn God ! et pourquoi ?» Et le gros mayeur raconta à la Guerliche ce que le roi exigeait de lui. A suivre