Résumé de la 90e partie n Ernie tombe ivre mort sur le lit. Par contre, sa femme, Wilma, qui est en visite chez sa sœur, ne se doute encore de rien… «Au moins as-tu des petits-enfants, soupira Wilma. Pas de bouquet de la mariée en vue pour notre petite Willie. Elle a donné son cœur à sa carrière de sculpteur. — Quelle carrière de sculpteur ? demanda sèchement Dorothy. — Si seulement nous avions les moyens de lui payer un bon professeur, continua Wilma, préférant ignorer l'nsinuation. Ernie ne devrait pas encourager Willie dans cette voie, décréta Dorothy. Tu devrais lui dire de ne pas faire un tel plat de cette camelote qu'elle vous envoie. Votre maison ressemble à une volière d'asile de fous. A propos, comment va Ernie ? J'espère que tu l'empêches d'aller au bistrot. Retiens ce que je te dis. Il a tous les symptômes du futur alcoolique. Avec cette couperose sur le nez.» Wilma songea aux cartons que leur avait envoyés Willie quelques jours auparavant. Ils portaient l'inscription : «Ne pas ouvrir avant Noël», et étaient accompagnés d'une lettre. «Maman, attends un peu d'avoir vu ça. Je me suis attaquée aux perroquets et aux paons.» Wilma se souvint aussi de la fête de fin d'année donnée pour le personnel du centre commercial, l'autre soir, quand Ernie avait trop bu et pincé les fesses d'une serveuse. Même si sa sœur avait raison au sujet du penchant d'Ernie pour la bouteille, elle n'en fut pas moins furieuse d'être mise en face de la réalité. «Peut-être qu'Ernie perd un peu les pédales quand il a un verre de hop dans le nez, mais tu as tort en ce qui concerne notre petite Willie. Elle a un tel talent et le jour où j'aurai fait fortune, je l'aiderai à le prouver.» Dorothy se servit une autre tasse de thé. «Je suppose que tu gaspilles toujours autant d'argent en billets de loterie. — Et comment ! s'exclama Wilma avec entrain, décidée à garder sa bonne humeur. Ce soir c'est la tranche spéciale de Noël. Si j'étais à la maison, je serais rivée devant la télévision, les doigts croisés. — Je trouve ridicule cette manie de toujours jouer les mêmes numéros. 1-9-4-7-5-2. Je comprends qu'on prenne la date de naissance d'un enfant, mais choisir l'année où Ernie a eu son bac... c'est ridicule.» Wilma n'avait jamais avoué à Dorothy qu'Ernie avait mis six ans à terminer ses études secondaires et que sa famille avait invité tout le quartier à célébrer son diplôme. «La plus belle fête à laquelle j'aie jamais assisté, disait-elle souvent à Dorothy, le visage rayonnant à ce souvenir. Même le maire est venu.» Quoi qu'il en soit, Wilma aimait cette combinaison de chiffres et elle était convaincue qu'elle leur rapporterait une grosse somme d'argent un jour ou l'autre. Après avoir souhaité le bonsoir à Dorothy, essoufflée Créparer le canapé transformable où elle dormait, Wilma se dit que sa sœur devenait de plus en plus acariâtre en vieillissant. Elle ne cessait de récriminer, et il n'était pas étonnant que sa belle-fille la traitât de vieille emmerdeuse. (à suivre...)