Alger Quand on enleva le voile qui lui couvrait le visage, Lamia apparut dans toute sa splendeur. A ses côtés, Ahmed, son jeune époux, nageait dans le bonheur. Enfin unis pour la vie, pour l?amour. C?était ce qu?il croyait. Lamia, fille unique, a été élevée par sa mère, veuve dès l?âge de 30 ans. Elle a toujours refusé de se remarier. Sa vie entière était consacrée à sa fille, sa raison de vivre, comme elle aimait à le répéter. Lamia était une très belle fille : blonde aux yeux verts, de longs cheveux châtains, une très belle taille mannequin. La beauté de son corps était couronnée par celle de son âme, car Lamia était d?un tempérament très réservé. Dès l?âge de seize ans, les prétendants ont commencé à frapper à sa porte, mais sa mère refusait de la marier à un âge aussi précoce. En fait, elle voulait que sa fille termine ses études et c?est ce qu?elle fit. Ses efforts lui ont permis de réussir au baccalauréat ; quelque temps après, elle est recrutée comme enseignante. Près de l?école où elle travaille, il y a un atelier de menuiserie. Ahmed, le propriétaire s?éprend de Lamia. Chaque matin, il attendait avec impatience son arrivée à l?école. Son c?ur battait la chamade dès qu?elle passait. La jeune fille a bien remarqué qu?il la regardait avec insistance, mais elle faisait de grands efforts pour ne rien laisser paraître, car elle se sentait gênée chaque fois qu?elle passait près de l?atelier. Et voilà qu?un jour, Ahmed décide de la demander en mariage. Sa main lui fut accordée et c?est dans une fête grandiose que le couple s?unit. Les jours s?écoulaient, pleins de bonheur. Deux mois après le mariage, et voilà les premiers signes d?une grossesse. Lamia était aux anges, elle qui aimait les enfants allait être maman. Sa grossesse se passa sans trop de désagréments. Chaque mois, elle allait chez une sage-femme pour les contrôles d?usage. Ahmed lui avait maintes fois conseillé de consulter un gynécologue, mais Lamia insistait toujours pour aller chez la sage-femme. Dès les premières contractions, Ahmed insista pour l?emmener vers l?hôpital, mais elle refusa. Et c?est à contrec?ur qu?Ahmed l?accompagna chez la sage-femme. Après des heures d?atroces douleurs, Lamia mit au monde une petite fille. Ahmed et sa mère étaient à son chevet. Lamia était fatiguée, mais heureuse. Au cours de l?après-midi, Ahmed revient pour revoir sa femme ; il frappe à la porte de la sage-femme, mais, à sa grande surprise, personne ne lui ouvre. Il insiste pendant plus de cinq minutes quand, finalement, la sage-femme apparaît, toute tremblante, pour lui annoncer que sa femme a perdu beaucoup de sang et qu?il doit l?évacuer vers l?hôpital. Affolé, Ahmed monte rapidement au premier étage où était située la chambre de sa femme. Elle était blême, très faible. Avec de grandes difficultés, il l?installe dans son véhicule. Malheureusement, elle rend l?âme en cours de route. La douleur d?Ahmed était immense, il refusait de croire à l?amère réalité : la mort de Lamia. Il tenait la sage-femme pour responsable de son décès car elle avait mis beaucoup de temps pour lui ouvrir. Pour lui, ce n?était pas normal, elle n?avait pas pris les mesures nécessaires pour arrêter l?hémorragie. Ahmed a intenté un procès, accusant la sage-femme de négligence et, par conséquent, de la responsabilité du décès de son épouse. La sage-femme est arrêtée et jugée par le tribunal d?Alger, le 2 octobre 2004. Le juge demande l?acquittement de la sage-femme. Ahmed n?en revient pas !