Imcompréhension n Tout se passe comme si les souscripteurs LPP étaient poussés à se désister, ce qui diminuerait le nombre de logements à construire, 151 0000 pour rappel. Alors que les programmes de logements sociaux sont livrés à un rythme appréciable et en grande quantités, aucun site LPP n'est réceptionné à ce jour, puisque même celui de Bou Ismaël ne l'a été que pour les besoins de la propagande : dès le départ de la délégation ministérielle qui venait de l'inaugurer, les souscripteurs ont été invités à quitter les lieux pour permettre d'achever réellement les travaux de ce site «pilote». Tous les autres sites connus (car il y en a d'inconnus…) sont encore en phase de construction et n'excèdent pas les 70% pour les plus avancés. Trois années après le lancement des travaux en 2013, les souscripteurs continuent d'attendre leurs fameux logements. Pourtant, le discours officiel avait pris très vite le ton de la «pure» commercialité, M. Tebboune réaffirmant à chacune de ses interventions cet aspect et insistant sur le caractère prioritairede ceux qui ont payé les premiers. Or, si les règles de la commercialité pure avaient été réellement appliquées, il ne fallait pas limiter les revenus des ayants droit au LPP : les prix avaient décidés en fonction d'abord de ce critère limitatif et ils étaient de 45 000DA/m2 au départ. De plus, pourquoi dire aux souscripteurs qu'ils allaient payer deux tranches à 500 000 dinars, puis décider que la seconde tranche soit d' 1 million de dinars ? Tout se passe comme si les souscripteurs LPP étaient poussés à se désister, ce qui diminuerait le nombre de logements à construire, 151 0000 pour rappel. L'Etat semblait s'être rendu compte qu'il n'arriverait pas à tenir ses promesses sur ce programme, ce qui l'aurait poussé à multiplier les critères invalidants, au grand dam de la majorité des souscripteurs qui se situent dans le ventre mou des revenus concernés. H.H. Une communication brouillée Aux dernières nouvelles, le prix définitif du mètre carré LPP a atteint 95 000DA Hors Taxes, ce qui le faire dépasser allègrement le seuil symbolique des 100 000 dinars en TTC, pour un prix de départ de 45 000 dinars HT : l'augmentation est donc de 111.11%, du jamais vu même dans les promotions privées les plus équivoques, car un promoteur privé marron, n'osera certainement pas exiger de ses souscripteurs le double du prix initia. Pour justifier cette hausse spectaculaire des prix, les responsables évoquent l'inflation et la hausse généralisée des prix des matériaux de construction et de main-d'œuvre. Argument certes recevable, mais sur de tels niveaux de hausse, surtout pas sur un programme étatique sensé venir en aide à la couche moyenne, de surcroît. Puisque nécessité il y a, ne fallait-il pas imaginer d'autres solutions qui auraient pu soulager quelque le souscripteur, en fractionnant et différant ses cotisations, comme ce fut le cas de l'AADL dont les souscripteurs ont droit à beaucoup plus d'égards que ceux du LPP ? Résultat : dans la réalité réelle, (on n'est pas à un pléonasme près), le souscripteur LPP se retrouve aujourd'hui avec un déficit de 1, 5 million de dinars et pas encore de logement. L'ENPI, elle, a empoché l'argent et n'a encore rien livré de définitif dans un programme annoncé livrable entre 24 et 30 mois. C'est là le seul fait établi en l'état actuel des choses, avec d'un côté, une partie, les souscripteurs, qui a laborieusement honoré sa part du contrat ; et une autre partie, l'ENPI, qui, 3 ans après, n'a toujours pas livré les logements LPP, pis, 6 000 souscripteurs ne connaissent toujours pas leurs pré-affectations. Devant un juge, la position de l'ENPI est intenable et les souscripteurs LPP sont désormais convaincus qu'ils ont joué le peu glorieux rôle du Dindon de la farce dans une histoire où ils se croyaient à l'abri des turpitudes sous le giron rassurant de l'Etat. H. H. Quid du «promotionnel public» ? Dans tous les pays du monde, un intérêt particulier est accordé à la promotion de la couche intermédiaire de la population, la classe moyenne en l'occurrence, car celle-ci constitue la clé de voûte du développement socioéconomique du pays. Avec une classe moyenne plus nombreuse et plus variée, la nation est assurée de disposer d'une force de production pérenne qui garantit l'équilibre et la stabilité de la société dans son ensemble. Il y va donc avant tout de l'intérêt des pouvoirs publics de consacrer un effort particulier à la promotion de la classe moyenne, car cela permettrait de développer davantage l'infrastructure urbaine et accélérerait la modernisation des modes de comportement et de consommation. C'est tout le pays qui en tirerait bénéfice et la dynamique ne pourra qu'aller toujours plus de l'avant et dans tous les domaines de la vie socioéconomique du pays. Mais tout ceci ne semble pas avoir été tenu en compte par les promoteurs de ce programme dit pourtant «public et promotionnel» : l'aspect commercial «sauvage» a pris le dessus et les souscripteurs LPP ont dû se résoudre, pour la majorité, à ronger leur frein en espérant qu'une lueur vienne éclairer le brouillard qui s'étend sur ce dossier pas comme les autres. Pour ceux qui n'ont pas pu supporter le traitement imposé, ils ont résilié leurs réservations, acceptant au passage de payer les 150 000 dinars de pénalités tout en continuant d'attendre de percevoir le reste de la somme déposée chez l'ENPI. Le fameux «kh'sar ou faraq» de l'adage populaire, puisque c'est la seule issue qui leur est laissée pour en finir avec une mésaventure qui, en plus de les avoir épuisé nerveusement depuis 3 ans, les a rendus moins riches de quelques milliers de dinars, chose qui, dans ce cas d'espèce, constitue vraiment le comble des combles. H. H. Les premiers couacs Formation n Le sésame que constitue le fameux formulaire de souscription au LPP était numéroté par ordre chronologique de récupération. L'ENPI avait fait croire aux citoyens que ce numéro allait accompagner leurs dossiers respectifs jusqu'à l'affectation des logements et que le premier qui a retiré le formulaire sera le premier servi, ce qui avait engendré les rassemblements nocturnes des demandeurs devant les directions de l'ENPI, les premiers jours de remise des formulaires. Après le dépôt des dossiers, l'ENPI et le ministère de l'Habitat fixent le montant de l'apport initial des souscripteurs et le divisent en deux tranches une première tranche d'un million de dinars et une deuxième d'un million et demi de dinars, mais ces montants avaient aussitôt été revus à la baisse car les souscripteurs les ont rejetés et l'Etat, en beau joueur à quelques jours de la présidentielles d'avril 2014, avait accepté de ramener les deux tranches à, respectivement, 500 000 dinars et 1 million de dinars. Les souscripteurs devaient s'acquitter de la première tranche à l'appel des autorités concernées, alors que la deuxième devait payée une année après lorsque les projets atteindront les 70% d'avancement. En mars 2014, l'ENPI appelle les souscripteurs à s'acquitter de la première tranche dans les deux mois qui suivent la date de retrait des ordres de versement, remis par invitations envoyées via la poste. Des invitations qui arrivaient au petit bonheur la chance et certains ne les avaient pas du tout reçues, ce qui les obligeaient à déserter leurs travails et se rassembler devant les directions de l'ENPI pour protester contre ce retard. H.H. Un témoignage édifiant l Hacène, un souscripteur au bord de la crise de nerfs, raconte : «Chaque jour, pendant plus d'une semaine, il y avait ou moi ou ma femme qui devait manquer son travail pour passer la journée dans la cour du siège de l'ENPI à Bab Ezzouar pour protester contre le retard de l'invitation, comme à l'époque maudite des pénuries. Chaque jour, un fonctionnaire de l'ENPI lisait, par la fenêtre, la liste des ordres de versement prêts et les heureux concernés se bousculaient pour les récupérer, s'ils avaient la chance d'être présents ce jour-là. Mon tour arrive enfin et je récupère mon ordre de versement. Seulement, je m'étais tellement absenté de mon travail durant cette période, que je n'avais pas osé demander une autre demi-journée à mon supérieur pour aller payer. J'ai donc temporisé pendant une dizaine de jours. C'était une grave erreur, car les critères de pré-affectation des logements allaient faire de la date de payement l'élément clé, en lieu et place de la date de retrait du formulaire. Résultat, je me retrouve placé en queue de liste et je ne connais toujours pas le lieu de ma pré-affectation.» H. H. L'ENPI, un promoteur comme les autres ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, le postulant au logement LPP doit renoncer à nombre de droits qu'il aurait acquis s'il avait réservé son logement chez un promoteur privé. Il n'a pas le droit à un contrat de réservation, il ne connaît pas d'avance le prix de son logement et encore moins sa localisation. Bref, l'ENPI lui exige de payer la première tranche sans aucune garantie réglementaire en retour : le souscripteur doit faire confiance car c'est l'Etat le vrai garant. Dans les faits, les souscripteurs payent donc cette première tranche de 500 000 dinars les yeux fermés et, surtout, voient très vite décoller les prix du mètre carré annoncés auparavant : ils passent ainsi en quelques mois de 45 000DA à 75 000DA soit 66.7%. un décret vient confirmer cette nouvelle, jetant l'émoi auprès des souscripteurs qui ne s'attendaient certainement à cette hausse spectaculaire du prix du mètre carré. En Septembre 2015, le ministère de l'Habitat exige au souscripteur le paiement de la deuxième tranche avant les pré-affectations dont les dates ont étés fixées et décalées à plusieurs reprises, à cause des retards enregistrés sur l'avancement des projets. Le comble c'est que cette deuxième tranche était d'un million de dinars au lieu des cinq cent mille dinars fixés auparavant par l'ENPI. Les souscripteurs ne savent plus à quel saint se vouer. Ceux qui avaient réussi péniblement à rassembler les 500 000 dinars initiaux, étaient les plus désespérés où vont-ils trouver 1 million de dinars ? H.H. L'argent ? Débrouillez-vous ! l Abdessamed évoque ces rudes moments passés à se triturer la cervelle pour réunir le million de dinars de la délivrance : «J'ai dû demander un prêt à mon entreprise, j'ai eu un peu plus de chance que mes confrères, je n'avais pas un million de dinars, mon revenu moi et mon épouse, tous deux des universitaire, est de 118 000DA/mois.Nous payons actuellement une location de 30 000DA/mois située loin de nos lieux de travail. La nounou qui s'occupe de nos deux enfants à midi et à 16h nous revient à 10 000DA/mois. il nous reste que 78 000DA pour vivre un mois et payer les autres charges. Je n'ai pas payé si tôt, l'étude de ma demande de prêt à pris du temps, et dès que j'ai eu l'avis favorable je me suis endetté auprès de ma famille. Donc, j'ai payé à quatre jours de la fin de mes deux mois de délai. Je suis né à Alger, y ai grandi et étudié et j'y travaille. Je suis un souscripteur AADL 2003 et je viens de payer ma 10e année de location. Croyez-vous que cela ait été pris en considération ? Je ne le pense pas et tous les discours émanant des officiels tendent à donner de nous l'image de gens fortunés qui ont les moyens de payer tout ce qu'on leur demande. Pourquoi ? Parce que l'Etat regrette d'avoir lancé le LPP, parce qu'on n'est pas des Algériens comme les autres, qu'on ne mérite pas une vraie aide de l'Etat au lieu de ce cauchemar interminable. Moi, j'en suis arrivé à la conclusion que je ferai mieux de me désister et même ainsi, l'Etat va me prendre 150 000 dinars d'amende, c'est-à-dire que je devrais payer pour recouvrer ma liberté. C'est injuste et désespérant.» H. H. Une formule séduisante Sur le plan réglementaire, le LPP est destiné aux citoyens qui ne sont pas éligibles au logement social locatif qui exige un revenu de moins de 24 000 DA, ni au LPA qui exige un revenu mensuel situé entre 24 000 DA et 72 000 DA, encore moins au logement AADL location- vente, réservé aux citoyens dont le revenu est compris entre 72 000 DA et 108 000 DA. Cette nouvelle formule de logement vise les ménages dont le revenu se situe entre 6 fois le SNMG par mois (108 000 DA) et 12 fois le SNMG, soit 216 000 DA par mois. Ils sont, en outre, éligibles au crédit bonifié au taux de 3 %. M. Tebboune explique également que contrairement aux autres formules, les souscripteurs au LPP ne bénéficieront pas de l'aide de la Caisse nationale du Logement (CNL). Toutefois, des abattements sur l'assiette de terrain à construire sont inscrits. Le prix de vente des logements LPP, n'étant pas encore fixé, il est toutefois supérieur au prix de vente des logements AADL et LPA. Le ministre de l'Habitat affirme que l'ENPI compte réaliser 151 850 logements LPP dont 70 000 seront lancés durant l'année 2013. D'autre part, 50% des nouveaux logements LPP seront construits en F4 avec une superficie de 100 m2, 25% pour les appartements de type F3 qui auront une superficie de 75 m2 et enfin 25% en appartement F5 dont la superficie sera de 120 m2. Les assiettes foncières allaient être financés à hauteur de 90% par l'Etat et ce, pour rendre ce logement accessible à cette tranche sociale. Les délais de livraison sont fixés entre 24 et 30 mois, selon la consistance de chaque projet. Les logements LPP seront dotés de locaux de services et de commerce, d'équipements de proximité, d'espaces verts pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que des aires de jeux et de loisirs. H.H. Un engouement jamais égalé l Bien entendu, le LPP , dès son lancement, un engouement sans précédent et ce sont des cohortes de citoyens qui se ruent sur les guichets de l'ENPI à compter du 1er Juillet 2013, date de l'ouverture des souscriptions pour la formule. En quelques jours, plus de 8 000 dossiers ont été déposés au niveau national dont près de la moitié, soit 3 800 dossiers, sont enregistrés au niveau de la wilaya d'Alger. M. Ammar Guellati, l'ex-directeur général de l'Enpi, annonçait qu'au 16 Juillet 2013,près de 35 000 imprimés ont été distribués sur tout le territoire national, dont 20 000 à Alger, 4 000 à Oran, 1 200 à Constantine et 1 100 à Annaba. Durant ce même mois de Juillet, le premier chantier de réalisation de logements LPP est lancéà Semrouni (Ouled Fayet) par une société mixte algéro-portugaise. H.H.