A partir du nom du pain, on a formé le nom du boulanger : khebbaz (en berbère : akhebbaz). Dans les villes, le mot est aujourd'hui concurrencé par le français bulanji, mais dans les campagnes, on continue à l'utiliser. L'arabe classique connaît makhbaza (boulangerie), mais les Algériens emploient le nom du boulanger pour le local où il travaille : «Rruh' 'ând Ibulanji» signifie aussi bien «va chez le boulanger» que «va à la boulangerie». Un autre mot pour boulangerie est kucha, terme désignant au propre le four traditionnel et qui est étendu non seulement à la boulangerie, mais aussi à la cuisinière moderne. Par dérivation, on a, dans certaines régions, kuwwach (boulanger) et kuwwech (pétrir, faire cuire du pain). Khobz a fourni également un verbe, khebbez, de même sens et d'emploi plus courant. «Nkhebbez kesra» (je vais pétrir une galette sans levain) ; «rahi tkhebbez» (elle est en train de pétrir, de préparer une pâte), etc. Ce verbe est également employé dans un sens figuré : khebbezna-ha, littéralement «nous l'avons pétrie», au sens figuré «nous avons de la chance». khebbez-ha b ddar (il a eu la chance d'obtenir un logement ou, comme interjection : quelle chance, quelle veine !) ; «khebbez-ha, rbah' f loto» (quelle chance, il a gagné au loto), «khebbez-ha, djab Ilbak» (quelle chance, il a décroché le bac !), etc. Signalons, pour finir, une expression typiquement algérienne, hybride d'arabe et de français : khobziste, formé de khobz et du préfixe français formateur de nom d'agent -iste. Mais le khobziste n'est pas celui qui pétrit ou vend le pain, c?est celui qui ne pense qu'à gagner sa vie, qui ne se préoccupe que de ses intérêts immédiats. Dans un sens «politique», c'est l'opportuniste prêt à manger à tous les râteliers, à tourner dans le sens où souffle le vent !