Histoire n Les enfumades et les emmurements ont été le prélude des violences qui allaient multiplier les victimes dans le camp algérien jusqu'au cessez-le-feu. Est-ce le hasard du calendrier ou bien une opportunité saisie par la librairie Dzaier Chaib pour parlerde crime contre l'humanité de la colonisation en Algérie suite aux déclarations d'Emmanuel Macron, en revenant notamment sur les enfumades du Dahra ? De toute manière, quelle que soit l'origine de explication, la politique de répression sauvage, instaurée dès 1830 par l'armée coloniale s'inscrit dans la mémoire collective algérienne comme un crime contre l'humanité. C'est sous cet angle qu'Amar Belkhodja, historien et journaliste, auteur du récit «Les mille cinq cents martyrs de Ouled Ryah», a animé samedi dernie à la librairie Dzaier Chaib, une rencontre qui a suscité un débat fécond sur les enfumades et emmurements encouragés avec la bénédiction de Bugeaud. Il faut imaginer, nous dit l'auteur, l'agonie abominable subie par plus d'un millier de personnes entre hommes, femmes, enfants, et vieillards morts étouffés dans une grotte, en même temps que leurs troupeaux par la fumée des feux de bois les condamnant à une mort horrible. Selon les courriers d'officiers supérieurs français se glorifiant de leurs forfaits barbares, de 1844 à 1845 dans les régions des Sbéhas et Dahra, il y eut trois actions punitives qui se sont soldées par des enfumades et des emmurements. Répondant à une question concernant le nombre exact des enfumades, Amar Belkhodja affirme que le nombre exact n'a pas été défini. Mais qu'un travail de recherches doit se réaliser dans cette voie, puisque l'on sait qu'il y eut des enfumades également à Batna et Oum El Bouaghi. Les actions punitives entraînant à chaque fois la disparition de tribus entières «ont permis à de simples officiers de monter en grade pour devenir maréchaux !» a-t-il précisé. Ajoutant que l'on bâtissait sa carrière militaire en collectionnant les atrocités commises sur les Algériens. S'agissant d'autres chefs militaires français célèbres, notamment Yusuf, Pélissier, Saint Arnaud, Miremont le massacre des «Arabes» par des enfumades et des emmurements relevait «d'opérations de pacification» pratiquée par le corps des «Troupes d'Afrique». Cependant, dira Belkhodja, c'est avec Cavaignac que le vocable «enfumades» a pris de l'ampleur. Les enfumades, ces chambres à gaz du XIXe siècle témoignent du passé colonial peu glorieux de la France. Un passé qui continuera de resurgir, tant qu'il y aura de l'autre côté de la Méditerranée des groupes de personnes, ces nostalgiques de la colonisation, sur le devant de la scène politique qui se voilent encore la face sur les massacres perpétrés par la colonisation. Les enfumades et les emmurements ont été le prélude des violences qui allaient multiplier les victimes dans le camp algérien jusqu'au cessez-le-feu.