Résumé de la 3e partie n La princesse, conseillée par la savante fée, résolut d'envoyer à la cour du grand roi le dernier espion qu'elle y avait employé invisible. Il fut aussitôt prié de dire quelle partie de la terre était le lieu de la naissance d'une princesse si merveilleuse ; mais il fit difficulté de dire son secret, et un chacun, par discrétion, ne lui en parla plus. La conversation changea, et le repas étant fini, le bruit fut bientôt répandu à la cour de la beauté surprenante d'une princesse de qui l'on avait vu le portrait, et que personne de la cour ne connaissait. Le roi curieux d'apprendre ce qu'il n'avait entendu que confusément, et de voir la peinture d'une princesse si charmante, envoya dire à l'étranger qui l'avait en sa possession, qu'il souhaitait lui parler. L'envoyé de la princesse, qui ne demandait pas mieux, dit au grand roi tout ce qui pouvait lui faire naître une grande passion de posséder la princesse et son île, et le portrait qu'il montra acheva ce qu'il avait commencé par ses discours. Le roi surpris de tant de merveilles, les contempla longtemps sans détourner les yeux, et s'il les détourna, ce ne fut qu'en soupirant, et pour prier, avec un très grand empressement, l'envoyé de lui dire s'il ne lui serait pas possible de voir une princesse si charmante. L'envoyé lui ayant répondu que tout était possible pour un grand roi comme lui, et que la princesse qui commandait dans une île inaccessible à toute autre puissance, la rendrait apparemment d'un plus facile abord pour lui, qu'elle estimait déjà infiniment sur les fidèles relations qui lui avaient été faites de toutes ses grandes qualités, le roi lui dit que s'il lui facilitait le moyen de voir une princesse sans laquelle il croyait ne pouvoir plus vivre, il n'y avait rien qu'il ne pût obtenir de lui, et qu'il n'avait qu'à désirer. L'envoyé répondit encore au roi, que croyant que sa souveraine l'aurait agréable, il la lui ferait voir quand il lui plairait, et que c'était sans espoir de récompense, puisqu'il n'en pouvait recevoir que de la princesse, à qui il avait fait serment de fidélité. Après une conférence secrète avec le roi, l'envoyé de la princesse partit pour l'aller avertir que le plus grand roi du monde souhaitait passionnément de la voir et de l'épouser, et qu'il viendrait avec une flotte d'une magnificence infinie, si elle avait agréable de faire rendre praticable le passage à son île. La princesse fit appeler la savante fée, qui mit sur la pointe de deux rochers, aux côtés du passage au port, deux globes de diamants qui jetaient tant de feu, que tous les rayons du soleil ne portaient pas plus de lumières. L'envoyé fut dépêché pour en aller porter la nouvelle au grand roi, qui fit mettre incontinent à la voile, très impatient de voir la princesse qui faisait tous ses désirs. A suivre Marie Catherine, comtesse d'Aulnoy