Résumé de la 7e partie n Arnie n'était pas dans l'eau depuis cinq secondes que la voix s'éleva de nouveau … Arnie soupira. Il était fatigué. Même ici, sous le porche, il entendait des choses. Tout se passait donc dans sa tête, là-bas dans l'eau. Très bien. Alors, de quoi se soucier ? Arnie Huxtower pouvait contrôler sa tête, non ? Naturellement, qu'il pouvait ! Arnie Huxtower pouvait contrôler le monde entier ! Le lendemain matin, Arnie, plein de confiance, sauta dans la mer. Il se mit au dos crawlé et nagea en chantonnant. Cela noierait tout bruit importun. La plage était déserte. Un endroit parfait pour y amener une femme. Mais quelle femme ? Bon Dieu, il foumait peut-être, avant de divorcer, y faire venir sa femme pour d'ultimes galipettes. Lui dire qu'il voulait tenter un dernier essai. Passer une semaine avec elle, puis la réexpédier à la maison... — A ma botte ! chantait Arnie. Une vague le frappa de plein fouet, lui enfonçant la tête sous l'eau. Arnie émergea en crachotant. Mais d'où cela venait-il ? La mer était d'huile, sans une ride. Il roula sur le ventre pour un crawl simple, la meilleure nage pour voir devant soi. Le seul pro-blème, c'est qu'ainsi, il ne pouvait pas aussi bien chanter. Il essaya encore une fois d'entonner «A ma botte», et but la tasse. II renonça à sa chanson. — Arrête... arrête... arrête-toi. Arnie cessa de nager et regarda autour de lui. Il aurait juré qu'il y avait quelqu'un dans l'eau, tout près — une femme, une morveuse qui... Soudain, une vague s'écrasa sur la plage dans un roulement de tonnerre : — Paie ! Paie ! Paie !... II bascula dans le rouleau d'une lame qui lui bloquait complètement la voie du rivage, mais il entendit toujours les vagues qui déferlaient sur le sable : — Tu m'as fait payer ! Tu nous as toutes fait payer ! A ton tour de payer ! Paie !... Paie !... Arnie releva la tête, à la recherche de cette voix, cette voix de femme, et il avala de l'eau. Beaucoup d'eau. II se mit à tousser. — Lasse ! sifflait la mer. Lasse ! Lasse ! Lasse ! Jusques à quand souffrirai-je cela ? Jusques à quand ? Jusques à quand ? L'océan, noir, se hérissait autour de lui. Brusquement, Arnie avait peine à se mouvoir. Les fonds marins l'attiraient. De toutes ses forces, il se débattit contre l'eau plus dense, mais ses bras étaient de plomb. II devait être près du rivage ! II lutta pour franchir la barre. D'où surgissaient donc ces lames énormes ? Le soleil ne brillait-il pas toujours ? Sa maison, sa si belle demeure, ne resplendissait-elle pas encore ? Finalement, Arnie parvint à se hisser à la crête d'une vague, mais il ne vit plus sa maison. II était bien trop au large. II n'avait plus la force de nager. La mer, de tout son immense fardeau, pesait sur lui. Il était fatigué. Fatigué. Fatigué. II coula. Bert Barker et Evan Spender, assis sur leur banc, contemplaient Ed Healey qui grimpait péniblement les marches du magasin Beston. A suivre