Rencontre n Mouloud Mammeri "est un intellectuel de première heure qui a tout fait pour la promotion de la culture amazighe", a souligné, samedi à Oran, le cinéaste, critique et universitaire Ahmed Bedjaoui. Dans une communication intitulée "Mouloud Mammeri, témoin, acteur et pionnier d'Histoire populaire", animée dans le cadre d'un colloque national de deux jours organisé au Théâtre régional d'Oran (TRO) "Abdelkader Alloula", dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance de cet écrivain (1917-2017), Ahmed a rappelé que Mouloud Mammeri était un grand cinéphile doté d'une profonde culture cinématographique et un homme d'écrit et d'image, le qualifiant également de précurseur du cinéma amazighe. Il a cité, dans ce sens, l'adaptation au cinéma de son œuvre "L'Opium et le Bâton", vu par des millions de spectateurs et les documentaires "L'Aube des Damnés" et "Combien je vous aime", commenté par Abdelkader Alloula et réalisé par Azzedine Meddour. Pour M. Bedjaoui, "Mouloud Mammeri a apporté au cinéma une profondeur littéraire et a été un pionnier dans ce domaine". Le cinéaste et réalisateur Ahmed Rachedi a, pour sa part, parlé de son expérience avec l'adaptation de "L'Opium et le Bâton" à l'écran. Pour lui, le film allait être l'éditorial du cinéma algérien , soulignant que "l'écrivain n'est jamais intervenu dans le scénario", tout en regrettant que le film n'a pas été fait dans la langue amazighe. Parlant de "L'aube des damnés", M. Rachedi a indiqué que Mouloud Mammeri a écrit le commentaire sans avoir vu une image du film et que son commentaire concordait parfaitement, point par point, au documentaire.Pour sa part, le réalisateur et producteur Belkacem Hadjadj a mis en évidence la dimension anthropologique de Mammeri, soulignant "il a passé beaucoup de son temps à parler de culture populaire, car il savait que la culture algérienne s'était réfugiée dans l'oralité"."C'est une chance pour le cinéma que l'oralité est encore vivace, car elle permet de mettre en œuvre du public une image mentale et l'intérêt du cinéaste est de reproduire ce schéma", a-t-il ajouté.Le membre du comité scientifique de cette manifestation, Melha Benbrahim Benhamadouche a soutenu que "Mouloud Mammeri est l'avocat infatigable de la culture amazighe, qui a redonné la voix à cette culture millénaire".L'universitaire Abdelmadjid Bali, également membre du comité scientifique a souligné que "cette célébration n'aura pu avoir de sens que si elle est accompagnée d'une réappropriation de la pensée de Mammeri et la réhabilitation totale de notre culture nationale", recommandant de recourir aux démarches scientifiques pour toute collecte et préservation du patrimoine et à en finir avec la subjectivité.Pour le cinéaste et universitaire Mohamed Bensalah, "l'opportunité de cette manifestation est de passer d'une culture linguistique, celle du signe, à une culture paralinguistique, le cinéma et le théâtre notamment".Pour lui, "Mouloud Mammeri est un militant de la culture et cet hommage est l'aboutissement de son œuvre et de sa lutte pour l'Amazighité", appelant à mettre à la disposition des Algériens, notamment les jeunes, tout ce qui a été écrit sur Mammeri, "un intellectuel à l'œuvre protéiforme, à l'honnêteté indéniable". "Il faut revivifier la culture et l'œuvre de cet auteur polyvalent", a-t-il préconisé.