Rencontre Même si Djaballah et Hanoune ont fait faux bond aux organisateurs, le débat a quand même eu lieu. Le projet d?amendement du Code de la famille adopté par le Conseil du gouvernement a été le sujet d?un grand débat houleux, hier, au siège de la Fédération Friedrich-Ebert à Alger. Organisée par cette fédération, en collaboration avec le Centre d?El-Khabar pour les études internationales, ce forum, intitulé «Défis et perspectives», qui se veut «un espace d?échanges et de débat ouvert, dans le respect des libertés», a été marqué par l?absence des deux premiers responsables du parti El-Islah et du PT, à savoir Abdellah Djaballah et Louisa Hanoune. Ces deux personnalités étaient fortement attendues pour animer un débat riche et contradictoire. Rappelons-le, le projet d?amendement du Code de la famille est le sujet de prédilection d?une partie de la classe politique, notamment le parti El-Islah, qui n'a ménagé aucun effort pour exprimer son rejet des amendements au texte adopté par le Conseil du gouvernement. «Ce type de débat s?inscrit pleinement dans le cadre des activités que mène la fondation Friedrich-Ebert de par le monde pour développer davantage le dialogue entre différents courants de pensée et, ce faisant, pour favoriser toujours plus la concrétisation des idéaux de démocratie et de respect des droits de l?Homme», a déclaré M. Skalweit, représentant résident de la fondation Friedrich-Ebert, dans son intervention d?ouverture des travaux de cette rencontre. Pour lui, «le débat socio-politique sur la question du Code de la famille se distingue par son caractère restreint. Seuls quelques partis politiques et quelques associations de la société civile se sont exprimés au sujet du Code de la famille». Ainsi, le tutorat pour le mariage, la limitation de l?âge du mariage à 19 ans pour la femme et l?homme, la suppression du mariage à la Fatiha et la polygamie ont été les questions sur lesquelles ont été focalisés les débats qui ont passionné l?assistance, dont les appréciations et les points de vue étaient contradictoires. Si certains représentants de partis politiques, tels ceux du RCD, du RND et du PT, encouragent de telles dispositions, la représentante d?El-Islah a estimé que «les préceptes de la charia n?ont pas été respectés». «Les vrais problèmes rencontrés par la femme dans notre société n?ont pas été revus, afin de lui assurer un statut digne et d?arriver à une cellule familiale stable», soutient-elle. Le PT et le RCD ont réaffirmé leurs positions en demandant l?abrogation de ce Code de la famille qui reste «sexiste, discriminatoire pour les Algériennes et d?un autre âge». Le RCD propose ainsi le retour à un Code civil en reconnaissant la citoyenneté à la femme. De son côté, Me Benbrahem, documents à l?appui, explique que «le droit de conclure son mariage ne donne pas le statut de sujet de droit à la femme». Cette avocate est claire : «Le problème n?est pas dans les texte de loi puisque la Constitution algérienne protège nos droits, mais c?est une question de mentalité qu?il faut changer.» Et de poursuivre dans ce sens : «Ce texte est un projet de société. C?est le seul code qu?il ne faut pas politiser mais débattre en ouvrant le dialogue à la société civile.»