Pour le RND, une «polémique inutile» a été créée autour des amendements. Depuis l'annonce des propositions établies par la commission chargée de sa révision, le code de la famille ne cesse d'être porté au-devant de l'actualité. Ce sujet a été au centre du débat qui a été organisé, hier, conjointement par la fondation Friedrich Ebert et le centre El Khabar pour les études internationales. Six personnalités étaient invitées, on cite l'avocate Nadia Aït Zaï, la représentante du RND, Mme Nouria Hafsi, celle de l'Ugta, Soumia Salhi, la représentante du RCD, Mme Chahrazad Koreïchi. Cependant, deux parties ont brillé par leur absence, en l'occurrence le secrétaire général d'El Islah, Abdallah Djaballah, et la SG du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune. Ils étaient représentés respectivement par Mme Lachhab et M.Arfoutni. Fidèle à son combat pour l'émancipation de la femme, l'avocate Nadia Aït Zaï a d'emblée déploré l'absence des partis démocrates dans les débats portant sur l'amendement du code de la famille. Cette absence a ouvert la voie aux islamistes qui mènent actuellement l'une des campagnes les plus acharnées contre le projet de loi tel qu'il est conçu par la commission Boutarène. Elle a déclaré que, contrairement à ce qui est prôné par les partis de la mouvance islamiste, les amendements portés au code de la famille ne vont guère à contre-courant de la charia musulmane. «Il n'y a pas eu d'atteinte aux fondements de la religion», a-t-elle soutenu. Mme Aït Zaï n'a pas manqué de souligner les points positifs de cette révision qui contribuent un tant soit peu à l'émancipation de la femme. Mais cet avis n'est pas partagé par la représentante de Abdallah Djaballah, Mme Lachhab qui, hadiths et versets coraniques à l'appui, a soutenu que cet amendement «est une véritable guerre déclarée contre la charia. On assiste à notre dépersonnalisation», n'a-t-elle cessé de répéter. La représentante du parti d'El Islah a estimé qu'il est «venu le temps qu'on laisse la parole au peuple, c'est à lui maintenant de trancher». Pour elle le tutorat est un pilier fondamental de la famille en islam. Sa remise en question, «détruira la cellule de base de la société». Quant au représentant du Parti des Travailleurs, M.Arfoutni, il propose simplement l'abrogation du code de la famille. Une idée chère à Mme Louisa Hanoune et qu'elle n'a cessé de défendre tout au long de son parcours politique. Pour le RND, une «polémique inutile» a été créée autour des amendements apportés sur l'actuel code de la famille. Mme Nouria Hafsi, membre du bureau national du parti, a précisé dans son intervention que ces amendements répondent à «une revendication sociale». Le parti de Ahmed Ouyahia qui défend le texte élaboré par la commission Boutarène, estime, en réponse à l'intervention de la représentante d'El Islah, que «lesdits amendements ne portent en aucun cas atteinte aux préceptes de l'Islam qui est la religion de l'Etat». L'absence d'une volonté politique depuis l'indépendance a porté un préjudice à la femme, ajoute l'oratrice, qui a vu ses droits piétinés, en dépit des grandes avancées qu'elle a réalisées ces deux dernières décennies. Revenant dans le détail sur les amendements qui ont soulevé l'ire des islamistes, la conférencière s'arrête longuement sur l'épineuse question du tutorat dans le mariage, pour mettre en exergue le fait que l'article 11 de l'avant-projet de loi n'exclut pas le rôle du tuteur dans le mariage, mais donne simplement le droit à la femme majeure de choisir. «La femme majeure a toutes les capacités pour contracter le mariage ou déléguer ce droit à son père ou à l'un de ses proches». Le RCD pour sa part, qualifie d'anticonstitutionnel le code de la famille, qui «est en inadéquation avec les conventions internationales paraphées par l'Algérie», selon Mme Chahrazad Koreichi secrétaire nationale. Fidèle à ses positions, le parti plaide pour l'abrogation du code de la famille qui est «d'un autre âge», et le retour au code civil. «C'est un texte sexiste et discriminatoire», précise-t-elle. L'Ugta, qui a fini après un long silence par soutenir les amendements en question, a réitéré sa position hier en expliquant que ce texte «permet de rétablir la souveraineté de la femme sur son propre destin». Mme Soumia Salhi va plus loin en précisant que la suppression du tutorat est une avancée «qui obéit au progrès que connaît la société».