Les intervenants ont révélé les divergences de tailles qui divisentla société autour de ce texte. La fondation allemande Friedrich-Ebert et le Centre El-Khabar pour les études internationales ont organisé conjointement, hier, —au siège de la fondation—, à Alger, un débat sur le projet d'amendement du code de la famille. “Face à l'absence de réaction de la société civile et des partis politiques, nous jugeons utile d'organiser des rencontres de ce genre”, a suggéré le représentant de Friedrich-Ebert. Passionné, le débat a confirmé toute la complexité de ce dossier. Trois thèses se sont affrontées : l'abrogation du texte, son amendement et son maintien. Nadia Aït Zaï, avocate, trouve que le nouveau document, tel qu'adopté en Conseil de gouvernement, n'est “pas révolutionnaire, même si des améliorations importantes sont enregistrées : d'abord, la femme redevient un sujet de droit et non plus un objet de droit ; ensuite, elle peut gérer, comme son conjoint, le patrimoine acquis en commun et les affaires familiales comme l'espacement des naissances ; enfin, le consentement des deux époux reprend ses forces alors que l'obligation d'obéissance unilatérale disparaît complètement”. Les islamistes ? “Ils s'agitent parce qu'ils ont peur que les amendements échappent à la référence religieuse, or il n'y a pas d'atteinte du tout à la loi islamique”, observe-t-elle. Soumia Salhi, représentante des femmes travailleuses de l'UGTA, partisane de l'abrogation, dit être avec les “lois qui tirent vers l'avant, ce code perturbe la société”. Mme Koreich, du RCD, parle, elle, de “pratiques humiliantes”, en citant la polygamie, la répudiation et le tutorat. “Ce code est contradictoire avec les articles 29, 31, 32 et 34 de la Constitution ainsi qu'avec les conventions ratifiées par l'Algérie”, regrette-t-elle. Elle propose un code civil où “la condition féminine va de paire avec celle de l'homme”. Abderrahmane Arfoutni, du PT, venu à la place de Louisa Hanoune, appelle à l'abrogation du texte et à l'établissement de l' “égalité totale entre les deux sexes”. Nouria Fafsi, du RND, trouve que la “polémique est inutile, d'autant que le poids de la tradition pèsera toujours plus lourd que la loi”. Pour elle, le gouvernement “propose, à travers ce code, une lecture moderne du texte religieux”. Seule contre tous, Mme Lachhab, d'El-Islah, suppléante de Abdallah Djaballah, a, de son côté, été ferme et catégorique. “Ces amendements sont contraires au Coran, voulez-vous donc une législation en faveur de la dépravation ? En réalité, vous voulez supprimer le tutorat pour supprimer le reste des éléments du mariage ; je constate, par ailleurs, un manque de culture religieuse chez les Algériens”, riposte-t-elle. L. B.