Si on dispose de divers termes pour désigner la famille : el 'a'ila, Ifamilia, ddar (au propre «maison»), on emploie, aussi bien en arabe qu'en berbère, un seul terme pour désigner les parents : lwaldin. Le mot vient de walada, en dialectal wled (accoucher, mettre au monde) et signifie donc «procréateur, géniteur» mais le mot algérien a une charge émotionnelle plus forte que ces termes techniques. Lwaldin, c'est avant tout le père et la mère, mais aussi les grands-parents. On leur doit à tous, respect, amour et assistance et on craint par dessus tout leur malédiction ? dda'wat Iwalidin ?qui, dit-on, fait toujours mouche. A l'inverse, on recherche toujours leur bénédiction, barakat Iwalidin. L'une des formules utilisées pour demander ou supplier est : «B-rrah'mat Iwalidin» (par la miséricorde des parents), et pour remercier quelqu'un, on lui dit : «Yerh'am waldik» (que la miséricorde ? de Dieu ? s'étende à tes parents) ! Les parents sont souvent évoqués dans les formules de serment. Les enfants, mais aussi parfois les adultes, jurent par leur père ou leur mère : «Urras yemma» (je le jure sur la tête de ma mère) ; «urras baba» (je le jure sur la tête de mon père). La mère, surtout, est l'objet de toutes les sollicitudes. C'est que la mère est toujours prête à se sacrifier pour ses enfants. Un conte kabyle rapporte qu?une femme vivait chez son fils, marié. Or, sa belle-fille la détestait et un jour, elle poussa son mari à se débarrasser d'elle : «Conduis-la dans la forêt et égorge-la, puis ramène-moi son foie que je le mange !» Le fils obéit. Il emmena sa mère, l'égorgea et ramena son foie dans le capuchon de son burnous. Or, voici que le ciel, courroucé par le forfait, se met à pleuvoir. Le fils indigne est trempé des pieds à la tête. C'est alors que le foie se met à parler dans le capuchon : «ô pluie, arrête de tomber pour que mon fils rentre chez lui sain et sauf !» De là est resté l'adage : «Le foie de la mère a parlé dans le capuchon», le foie est, ici,le siège des sentiments, il symbolise l'amour maternel.