A trois jours du mois sacré, des opérations d?expulsion ont lieu ce matin, et presque simultanément à El-Achour et Appreval. Des renforts de police et de gendarmerie ont été dépêchés sur les lieux. La tension était à son paroxysme ce matin à la cité des Bassins à El-Achour où des agents de l?APC, escortés par les forces de l?ordre, se sont présentés tôt le matin «et sans avis préalable» selon les habitants, pour faire évacuer le bidonville. Les habitants reconnaissent avoir bénéficié d?un délai de 48 h de la part du P/APC d?El-Achour, délai ayant, en fait, expiré samedi dernier mais, disent-ils. N?ayant pas où aller, ils ont bien dû rester ignorant qu?une opération allait les cibler ce mardi matin. «J?ai neuf enfants, déclare un habitant, et je ne sais réellement pas où aller. Ils nous demandent de ramasser nos affaires car ils veulent raser les baraques» Ce matin, seules les baraques vides étaient mises à terre mais la menace pour les habitants persiste. Ce sont environ 35 familles qui habitent ce bidonville et ce depuis un an et demi. Avant, elles étaient dans d?autres bidonvilles à Oued Romane et El-Achour. L?errance de ces familles se poursuit donc malgré les décisions ? les habitants les exhibaient ce matin ? d?attribution de logements sociaux dont elles devaient en principe disposer depuis janvier 2001. Dans la proche banlieue d?Alger, les habitants d?Appreval, un quartier populaire de Kouba, ont eu ce matin un réveil mouvementé. Et pour cause : des escarmouches se sont produites à la suite d?une décision d?expulsion d?une famille habitant une grande villa depuis?1963. En effet, des policiers, munis du document officiel d?expulsion, se sont heurtés, tôt dans la matinée, aux membres de cette famille qui ont même brandi la menace de tout faire sauter avec du gaz butane si jamais on touchait à leur demeure. Les policiers, eux, étaient dans l?expectative. En réalité, la villa en question, portant le significatif sobriquet de «chien méchant» est la propriété d?un Algérien ayant quitté le pays dès les premières années de l?Indépendance, des documents officiels faisant foi. Les actuels locataires y avaient alors élu domicile sans qu?ils soient dérangés jusqu?à ce jour. Le propriétaire est réapparu plus de quarante ans après pour reprendre son bien, quitte à jeter, à quelques jours du mois de la «rahma», une famille nombreuse dans la rue. A l?heure où nous mettons sous presse, la tension allait crescendo.