Production - «L'industrie nationale sera mise à contribution pour développer le secteur de l'industrie automobile et réaliser l'intégration entre les deux secteurs», a indiqué Youcef Yousfi L'industrie automobile sera parmi les dossiers importants inscrits à l'ordre du jour de l'agenda du nouveau ministre de l'Industrie et des Mines. «Nous comptons intégrer l'industrie automobile dans le secteur de l'industrie nationale», a-t-il précisé hier samedi en marge de la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur. «Le secteur constitue l'une des assises essentielles pour la construction d'une économie diversifiée qui aide à sortir de la dépendance aux hydrocarbures», a ajouté M. Yousfi. Présentée à l'opinion publique comme un exploit, l'industrie automobile algérienne s'est révélée une supercherie de trop. Les images diffusées fin mars dernier sur les réseaux sociaux où on y voit arriver à l'usine Hyundai des voitures quasi complètes, sur lesquelles ne restaient à monter que les roues à mis à nu le fiasco d'une pseudo-industrie annoncée en grande pompe. «Le véhicule arrive semi ou complètement fini, donc il n'y a rien à assembler», a reconnu début juillet dernier Mohamed Baïri, patron d'Ival, importateur d'Iveco. Une réalité confirmée par Bedda Mahjoub l'ex-ministre de l'Industrie qui a tiré la sonnette d'alarme sur la situation actuelle du secteur. Pour lui, «la première évaluation faite concernant la construction automobile fait ressortir que nous sommes loin des objectifs tracés. Telle qu'elle est conçue, cette démarche s'est révélée de l'importation déguisée». Des propos choquants étayés par des vérités qui jusque là étaient peu connues du grand public. Il évoquera dans ce cadre trois aspects qui renseigneraient, selon lui, sur le fiasco de cette stratégie, les prix qui demeurent «inaccessibles» en dépit des facilitations, des avantages fiscaux et parafiscaux et de l'exonération des taxes consentis par l'Etat au profit des investisseurs, le «manque à gagner pour le Trésor public» et aussi le «peu d'impact en matière de création d'emplois». «La voiture (produite en Algérie) coûte plus cher que dans les pays de provenance», a déclaré l'ex-ministre. Preuve à l'appui, il donne l'exemple de la Renault Symbol made in Algeria qui coûte environ 200 000 dinars (1 600 euros au cours officiel) de plus que sa jumelle importée, la Dacia Logan. Le prix de la petite Hyundai i10 fabriquée sur place commence à un tarif de presque 2 000 euros plus cher qu'en France. L'industrie automobile algérienne est née en 2012 quand les autorités ont conclu un partenariat avec la marque française Renault, qui a débouché fin 2014 sur l'ouverture de l'usine de la première voiture «made in Algeria». Les autorités semblent avoir tout misé sur la filière automobile nationale pour réduire la facture des importations. Trois ans après, le bilan est catastrophique car dans la quête d'une industrie automobile nationale, les responsables du secteur ont fait le mauvais choix d'opter pour le système SKD (semi knocked down) qui consiste à importer des véhicules démontés au lieu de penser à une stratégie globale qui garantie aussi bien l'intégration de l'industrie nationale que la formation de la main d'œuvre algérienne.