Dilemme Il est aujourd?hui très difficile de discerner le «vrai» du «faux». «Cinquante pour cent des ventes de pièces de rechange automobile en Algérie seraient de la contrefaçon.» L?annonce est certes au conditionnel mais pour Meziani, directeur de Mdaa, une société spécialisée dans la commercialisation des bougies Eyquem, «le consommateur est floué. Il y a manque de communication au sujet des pièces contrefaites», annonce-t-il, en fin connaisseur d?un marché de la pièce de rechange en ébullition. Et quand il y a manque de communication, cela«devient comme un avion en plein vol qui perd toute liaison avec la tour de contrôle. Le risque des accidents de la circulation va en s?aggravant», ajoute M. Meziani. Toutefois, le patron de Mdaa reconnaît qu?il est difficile de discerner le produit d?origine du produit contrefait pour la simple raison que la technologie mise à la disposition des clandestins est pratiquement la même que celle des sociétés mères. Pare-chocs, capots, freins, phares, filtres à huile?, toutes les pièces et équipements automobiles peuvent être contrefaits et mis en circulation par l?intermédiaire de professionnels peu scrupuleux qui n?ont que l?appât du gain comme objectif. Ces pièces peuvent, si elles sont défectueuses, rendre un accident mortel. En Algérie, Les contrefaçons observées dans le secteur des pièces automobiles ont été jugées par la Direction de la sécurité publique (DSP), département de la gendarmerie nationale, «très dommageables pour le consommateur» : la tromperie porte sur des produits dont la valeur unitaire est souvent élevée et, surtout, les pièces contrefaites peuvent poser des problèmes de sécurité susceptibles d'engendrer des accidents. La vigilance est donc de mise dans ce secteur. Avec un parc relativement modeste, d'environ trois millions de véhicules, l'Algérie, outre cette malédiction de la contrefaçon, se retrouve avec un taux de risque en termes d?accident, 50 fois plus élevé que celui des pays scandinaves et 20 fois plus élevé que celui de la France, à titre comparatif. Ce «terrorisme routier», qui s'accroit de 10% par an, est appelé à s'accentuer, dans les prévisions alarmistes, durant les prochaines années en raison de l'inadaptation entre l'augmentation vertigineuse du parc roulant et les infrastructures routières, si des mesures radicales ne sont pas prises pour influer sur le comportement des conducteurs. Selon différentes études, ces derniers sont responsables de plus de 85% des accidents de la route. Mais d?autres sources avancent comme l?une des principales causes de l?hécatombe l?utilisation sans retenue de pièces de rechange contrefaites, connues pourtant pour leur rapide défectuosité. Les pouvoirs publics, en occultant ce facteur aggravant puisque aucune mesure concrète n?est prise, ni économiquement ni juridiquement, sont considérés, eux aussi, comme des acteurs ayant contribué à l?hécatombe. La lutte La lutte contre la contrefaçon est une mobilisation de tous les instants, qui se traduit par des actions spécifiques : - Campagnes de communication vers les douanes, les professionnels et le grand public, - coopération avec les douanes pour arrêter les exportations de produits hors de la Chine, - authentification des produits, - coopération avec d?autres partenaires industriels.