Appréhensions - Le pourrissement des feuilles et fruits d'arbres et autres produits maraîchers endommagés suscitent l'inquiétude des agriculteurs du périmètre de Bousfer irrigué à partir de la station d'épuration des eaux usées de Cap Falcon. Ces agriculteurs ont exprimé à l'APS leur étonnement quant à un récent pourrissement des feuilles de figuiers, d'oliviers et de vignes, ainsi que de légumes nécessitant l'intervention de spécialistes, soulignant que l'expérience d'irrigation au niveau de ce périmètre lancée en 2015 a été une réussite et que ces derniers temps, «la situation a changé en raison du manque de suivi sur le terrain par des agronomes». Le président de l'association d'irrigation aux eaux traitées de la wilaya d'Oran, Boualem Hassan, a justifié cette situation par le fait que l'eau utilisée dans l'irrigation de ce périmètre «n'a pas été traitée ces derniers temps selon la norme en vigueur», en se basant sur les résultats d'une analyse effectuée par le service public d'épidémiologie et médecine préventive d'Aïn Turck, qui a trouvé que la qualité de cette eau est mauvaise du point de vue bactériologique. Pour sa part, la direction de wilaya des ressources en eau a rejeté le fait que les eaux traitées soient à l'origine de la pourriture des cultures dans ce périmètre. Son responsable, Djelloul Tarchoune, a affirmé, à l'APS, que le traitement des eaux se fait au niveau de la Société des eaux et d'assainissement (SEOR) de manière régulière. Dans ce contexte, le chef du service hydraulique à la direction, Mustapha Mendili, a souligné que les analyses effectuées par la SEOR depuis le lancement de l'opération d'irrigation du périmètre jusqu'en octobre en cours «sont conformes aux critères de la décision ministérielle conjointe de 2012 (ministères des Ressources en eau, de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche et de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière) fixant les spécificités des eaux usées épurées et utilisées à des fins d'irrigation». Mustapha Mendili a ajouté que les zones industrielles sont inexistantes dans la commune d'Aïn Turck et qu'il n'y a que des eaux usées domestiques, rappelant que leur mission à travers la SEOR est de fournir de l'eau en veillant à sa qualité. La direction des ressources en eau a demandé, lors d'une réunion consacrée, récemment, au problème soulevé par des agriculteurs de ce périmètre, à la direction des services agricoles (DSA) de désigner une équipe de l'Institut national d'irrigation et de drainage et l'Institut national de protection végétale d'Oran aux fins de prélever des échantillons des fruits pourris et de les analyser. Le chef du service irrigation de la DSA a supposé que la «surexploitation des eaux peut endommager la plante», signalant qu'il y a «surexploitation de l'eau distribuée gratuitement aux agriculteurs». «Les eaux usées utilisées en irrigation contiennent des engrais naturels. On suppose que l'agriculteur a utilisé d'autres engrais pour obtenir un rendement rapide», a-t-il souligné. L'association d'irrigation par les eaux traitées de la wilaya d'Oran a proposé, aux instances compétentes, l'installation de compteurs pour préserver ces eaux qui envahissent les champs faute de flotteurs dans les bassins, ainsi que la vente de ces eaux aux agriculteurs à un prix raisonnable afin de préserver cette matière, selon son président, Boualem Hassan. Pour le même responsable, «des agriculteurs utilisent de l'eau traitée pour irriguer certains légumes non inclus dans la liste définie, bien qu'ils se sont engagés à la respecter depuis le lancement de l'opération d'irrigation». A noter que ce périmètre est alimenté en eaux traitées par trois bassins d'une contenance globale de 250 000 m3 pour fournir de l'eau à 62 fellahs adhérents à ce système. Il a consommé depuis sa mise en service un million de mètres cubes, selon la DSA.