Drame - Des milliers de personnes ont manifesté lundi dans la capitale yéménite Sanaa, contrôlée par les rebelles houthis, pour demander la levée d'un blocus qui a, selon l'ONU, des conséquences catastrophiques sur la population. Ce siège, imposé par une coalition militaire arabe sous commandement saoudien "est oppressant et le monde entier dort", ont scandé des manifestants qui se sont rassemblés devant le bureau des Nations unies. "Le peuple yéménite est assiégé", a lancé Amine Mohammed, un habitant de Sanaa. Une fillette avait le visage peint une moitié en noir, l'autre moitié en blanc, et portait un voile rouge fleuri pour compléter les couleurs du drapeau yéménite. Il y avait aussi des hommes âgés, dont un portant un fusil à l'épaule en signe de défi. Lors de la manifestation à Sanaa, un dirigeant rebelle, Saleh al-Samad, a une nouvelle fois exigé "la fin du blocus", sinon "nous serons forcés de développer nos capacités et de faire du mal aux nations de l'agression". A travers la capitale yéménite, des habitants se révoltent face à l'aggravation de la situation, alors que les prix des carburants ont augmenté de 60% et ceux de l'eau en citerne de 133%, selon l'ONU. "Nous sommes ici depuis près d'une semaine pour avoir de l'essence", se lamente un résident, Fouad Al-Harazi, alors que des personnes font la queue devant une station-service fermée. Amer Ali, un fonctionnaire, surenchérit: "L'augmentation des prix de l'essence a fait bondir les prix de la nourriture. Le Yéménite moyen ne peut survivre". Dans un hôpital gouvernemental, un médecin, Mohammed al-Ayzari, explique que son département chargé des cas de malnutrition est débordé. "Il y a pénurie de fournitures médicales et de matériels de laboratoire". De son côté, l'ONU a réclamé à nouveau hier la levée totale du blocus. Les agences humanitaires ont besoin d'un "accès total" à tous les ports et aéroports, a déclaré à la presse le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. Il ne s'agit pas d'avoir un accès uniquement à certains ports qui implique ensuite de traverser des lignes de front pour acheminer l'aide humanitaire, a-t-il précisé. L'urgence est là et "le compte à rebours" enclenché, a fait valoir Stpéhane Dujarric. "Il reste 11 jours avant l'épuisement des stocks de riz", "97 avant celui des stocks de blé", "dans 20 jours il n'y aura plus diesel dans le nord et dans dix plus d'essence" dans cette zone, a-t-il ajouté, en soulignant que les prix avaient augmenté de manière considérable. Parmi les conséquences, "la situation sanitaire se dégrade rapidement". "L'ensemble de la population du Yémen est dépendante des importations de nourriture, de carburant et de médicaments. Plus de 17 millions de Yéménites, soit plus des deux tiers de la population, sont en manque de nourriture", a-t-il aussi dit, en réclamant "la levée du blocus sur tous les ports, dont Hodeida et Saleef". Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit a fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés, dont de nombreux civils. Et selon l'ONU, le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, connaît "la pire crise humanitaire au monde".