Portrait - L'artiste peintre Choukri Mesli, l'un des fondateurs de la peinture moderne en Algérie, est décédé lundi dans un hôpital parisien à l'âge de 86 ans, a-t-on appris auprès du ministère de la Culture. Malade depuis plusieurs années, l'artiste peintre Choukri Mesli vient de tirer sa révérence en France où il s'était établi depuis 1994. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a déclaré lundi que le plasticien Choukri Mesli était «l'un des fondateurs de la peinture moderne en Algérie» et l'un des «piliers» de l'art plastique algérien aux côtés de Mohamed Racim, M'hamed Issiakhem, Khadda et Baya. Le ministre a rappelé, dans un message de condoléances, que Choukri Mesli avait renoncé à la peinture pour rejoindre les rangs du Front de libération nationale. Né à Tlemcen le 8 novembre 1931 dans une famille d'intellectuels et de musiciens, Choukri Mesli fera son cursus scolaire, du primaire au lycée, dans sa ville natale, avant de s'installer avec sa famille à Alger en 1947. Ses premiers pas dans le monde de la peinture remontent à cette époque et le conduisent à l'Ecole des beaux-arts d'Alger où il a été élève du grand miniaturiste Mohamed Racim. Il participe à la création de la revue Soleil. En 1954, il entre à l'Ecole des beaux-arts de Paris et commence, dès 1956, à exposer ses œuvres, avant de renoncer à sa passion pour rejoindre les rangs du FLN en participant à la grève des étudiants. Nommé professeur à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger en 1962, il prend part à la fondation de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP), l'année suivante, et à celle de l'éphémère groupe Aouchem en 1967. Outre une fresque et trois sculptures implantées à Alger, le peintre, qui expose régulièrement depuis 1950, est représenté dans plusieurs musées et collections publiques. Il a participé à de nombreuses expositions en Algérie et à l'étranger, notamment à Paris, Washington, New York, San Fransisco et Atlanta. Chez Mesli, la sensualité du corps féminin se laisse déchiffrer dans un enchevêtrement de motifs énigmatiques et de signes, de lettres arabes ou tifinagh (berbère) et un raffinement de couleurs. Avec lui, la toile devient le lieu d'une quête esthétique et d'une exubérance symbolique nourries d'un legs plusieurs fois millénaire, «comme s'il voulait nous mettre dans l'avenir du temps avec une nostalgie douloureuse pour le temps passé, jamais retrouvé, jamais assouvi, notait son compagnon de route, Rachid Boudjedra, parce que utopique, parce que nourri des chimères et des fantasmes d'un grand artiste dont la capacité à nous émouvoir est illimitée». Choukri Mesli a fait l'objet d'un film. Tourné mi 2011 et qui a fini d'être monté durant l'été 2012, «Choukri Mesli, peintre et passeur de rêves» est un portrait documentaire réalisé par Mostefa Djadjam. Le film est une commande de «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011».