Pourquoi constatons-nous au cours de cette période de jeûne tant d?excès ? Quelles en sont les conséquences ? Pour avoir des réponses à ces questions ainsi qu?à d?autres, nous nous sommes rapprochés de Rachid Hamadouche, enseignant et chercheur au département de sociologie à l?Université d?Alger. Du point de vue sociologique, notre interlocuteur nous explique que le changement de comportement, paradoxe soulevé, relève avant tout de la méconnaissance des Algériens de l?Islam. «Les jeûneurs, pour la plupart, ignorent l?esprit de ce mois et n?en connaissent que la lettre.» Ces comportements anomiques sont, selon M. Hamadouche, dus à la perte des normes et des valeurs sociales. «Les citoyens ont intériorisé des comportements dysfonctionnels, inculqués dans les différentes institutions de socialisation à l?image de la famille, de la société, ainsi que dans les médias.» Il est vrai, par ailleurs, que d?autres facteurs doivent être pris en considération à l?exemple de l?élément biologique, car de l?avis de ce sociologue à l?approche de l?heure de la rupture du jeûne, l?excitation augmente et le corps de l?être humain perd toutes ses énergies, ce qui explique en partie ces excès de violence remarqués pendant ce mois. Ajouter à cela la cherté de la vie qui pousse les gens à un état de stress très particulier. Par conséquent, ils instrumentalisent la violence dans leur comportement. Enfin, un autre facteur semble être aussi déterminant dans l?analyse de ces attitudes observées tout au long de ce mois : la nostalgie ressentie par certains Algériens à revenir à nos anciennes traditions culinaires. «Le ramadan du point de vue culinaire nous renvoie vers notre enfance et les différents plats préparés par la mère, les s?urs, voire les grands-mères. C?est pourquoi, nous parlons souvent pendant ce mois de notre culture gastronomique et nous ne pouvons nous retenir devant les produits merveilleusement exposés par les marchands qui nous font rappeler les traditions de jadis». explique t-il.