Bilan - Le 8e Festival international du cinéma d'Alger (FICA), qui a pris fin vendredi soir, a cette année une orientation tournée vers le film engagé et le documentaire et s'éloigne du cinéma commercial tout en donnant une grande importance au contenu des films, estiment les habitués et observateurs de ce festival. Inaugurée le 1er décembre, cette édition a proposé au public une sélection résolument orientée sur le film engagé, dans les trois sections du festival, ce qui différencie le FICA des manifestations cinématographiques classiques, même si l'engagement au cinéma a énormément évolué ces 20 dernières années. Les luttes pour les droits humains et pour les indépendances sont au cœur de plusieurs œuvres projetées lors de cette édition, à l'instar de «Maman colonel» du Congolais Dieudonné Hamadi, portrait d'une policière chargée de la protection des enfants et de la lutte contre les violences sexuelles ou «Off Farme, la révolution jusqu'à la victoire» du Palestinien Mohanad Yaqubi sur la construction identitaire palestinienne moderne à travers l'image. La décolonisation et les droits des réfugiés se retrouvent aussi dans la «fenêtre» ouverte par le Fica, pour le première fois cette année, sur le court métrage avec des productions dédiées à la cause sahraouie et au drame des réfugiés fuyant la guerre dans leurs pays. La sélection du FICA a également proposé trois portraits de militants humanistes, à savoir «Kemtiyu Cheikh Anta» du Sénégalais Ousmane William Mbaye, «Jean Genet, un captif amoureux» de la Française Michèle Collery, ou encore «Jean-Jacques de Félice, la passion de la justice» de son compatriote Mehdi Lallaoui. Les fictions «Era o hotel Cambridge» de la Brésilienne Eliane Caffé et «La forêt du Niolo» du Burkinabé Adama Roamba, ainsi que les documentaires «Molenbeek, génération radicale ?» coréalisé par l'Algérien Chergui Kharroubi et le Belge José-Lui Penafuerte, et «On revient de loin (opération Correa 2)» du Français Pierre Carles restent les seules oeuvres en compétition qui sont au cœur de l'actualité internationale. Observateurs et habitués de l'événement s'accordent à dire que le FICA a réussi à se constituer un «public d'initiés» et sélectionne les films selon les «sujets traités et les parcours présentés à l'écran». Le festival propose des films aux propos engagés avec des critères esthétiques et techniques et les organisateurs réfléchissent à l'introduction d'une section court métrage dans la compétition, indique Zhira Yahi, commissaire du FICA. Se tenant pour la troisième année consécutive avec d'importantes difficultés financières, le FICA s'est contenté cette année de mettre à l'affiche des films dont les droits ont été cédés gracieusement pour pouvoir inviter les cinéastes participants, ce qui a privilégié les travaux destinés à la télévision et les portraits, au détriment des films plus ancrés dans l'actualité. Les difficultés financières du festival ont également déteint sur la communication de ce dernier, qui s'est contenté d'opérations de médiatisation classique via les canaux conventionnels et les réseaux sociaux, au moment où plusieurs observateurs préconisent «un travail de proximité au moins à l'université».L'affluence du public reste, selon la commissaire du festival, tributaire du retour de la vie nocturne dans la capitale et que le cinéma soit suivi par une ouverture des commerces et un disponibilité des transports, dans une ville qui est aujourd'hui très sûre, et où il faut faire revivre la culture du cinéma.Cette année l'Office national pour la culture et l'information (ONCI), partenaire du festival, a manifesté son intérêt pour la distribution de certains films sélectionnés au Fica dans le réseau de salles exploité par l'Office, ce qui devrait offrir une plus grande audience à la sélection, même si ce projet avait été annoncé en 2013 en collaboration avec le réseau de salles de la Cinémathèque algérienne.Le 8e FICA prendra fin vendredi soir avec la cérémonie de remises des prix et la projection du film «La route d'Istanbul» de Rachid Bouchareb.