Préoccupation «Combien la courgette ? Et la tomate ?» Une question qui revient sur toutes les lèvres en ce deuxième jour du ramadan. Les marchands, apparemment pas du tout démontés, répondent nonchalamment avant de voir la ménagère s?en aller en haussant les épaules. «C?est très très cher. Ils veulent nous saigner où quoi !?», lance une jeune dame à une vieille qui hésite avant d?opter pour l?achat de 500 g de tomate. Elle n?est pas la seule à faire ce genre de commentaires. La plupart des clients qui viennent s?approvisionner se retrouvent en train d?échanger les mêmes propos sur la cherté des fruits et légumes. «C?est du vol. Hier, la courgette était à 50 DA le kilo et aujourd?hui elle se vend à 80 DA», lance un sexagénaire au marchand. Ce dernier, habitué à ce genre de commentaires, fait mine de ne rien entendre et se retourne pour s?occuper des autres clients. Mais le vieux ne lâche pas prise et revient à la charge. «Vous trouvez normal de nous vendre des légumes à un tel prix alors qu?on les achetait il y a quelques semaines beaucoup moins cher ?», dit-il, en colère, en montrant la tomate à 45 DA le kilo. Le marchand toujours serein se décide enfin à répondre pour expliquer que ce n?est pas de sa faute, mais celle des grossistes. Chez le marchand à côté, une vieille femme est occupée à choisir des tomates saines dans le cageot de tomates pourries où est affiché le prix de 15 DA/kg. Le marchand pèse la marchandise en lui conseillant de revenir en fin de journée pour lui donner les restes des cageots des autres légumes. Les fruits secs et les amandes nécessaires à la confection de gâteaux et autres gourmandises spécial ramadan sont inaccessibles vu leur prix. Certaines ménagères optent pour les cacahouètes nettement moins chères et destinées au même usage. Le marché des fruits et légumes de Chéraga est très fréquenté tout au long de l?année, cela malgré la cherté des produits proposés. Une particularité pourtant durant ce mois : de nombreux marchands ambulants font leur apparition à l?entrée et à l?intérieur du marché pour vendre toutes sortes de marchandises : produits laitiers, alimentation générale importée, dioul, ktayef, etc. Les ménagères ont l?embarras du choix surtout que les prix défient toute concurrence. «C?est ma place. Je reviens ici chaque ramadan depuis déjà sept ans», explique un vendeur de dioul. Une occupation qui lui rapporte assez d?argent pour permettre à sa famille de faire face aux dépenses du mois sacré. «Je vends de la bonne qualité. Made in maison», rétorque-t-il à la dame qui hésite à prendre une douzaine de dioul. «A 30 DA la douzaine, en plus des achats qu?il me reste à faire, je ne sais vraiment pas si j?aurai assez d?argent pour me permettre un peu de viande congelée pour le plat de résistance», explique-t-elle embarrassée.