Contestation - L'armée d'élite du pouvoir en Iran a proclamé la fin du mouvement de contestation, qui a fait 21 morts et entraîné des centaines d'arrestations, dans la foulée de manifestations massives de soutien au régime. Parallèlement, l'Iran s'est plaint auprès du Conseil de sécurité et du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, d'ingérence des Etats-Unis dans ses affaires intérieures, tout en cherchant à minimiser le mouvement de contestation, le premier de cette ampleur depuis celui de 2009 contre la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui avait été violemment réprimé. Aucune manifestation antirégime n'a été rapportée durant la journée d'hier. Les autorités ont bloqué sur les téléphones portables les réseaux sociaux Telegram et Instagram, utilisés, selon elles, pour appeler à protester. «Aujourd'hui, nous pouvons annoncer la fin de la sédition», a déclaré le chef des Gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari, en soutenant que le nombre de manifestants antirégime n'avait «pas dépassé les 15 000 sur l'ensemble du pays». «Un grand nombre de fauteurs de troubles, au centre de la sédition, ont reçu une formation de la contre-révolution», a-t-il dit en référence aux Moudjahidine du peuple, principale formation de l'opposition en exil. Ceux-ci «ont été arrêtés et il y aura une action ferme contre eux». Le général Jafari a également fait valoir que des milliers de personnes avaient été «entraînées» par les Etats-Unis pour «fomenter des troubles en Iran». Le numéro un iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a lui accusé les «ennemis» de l'Iran de porter atteinte au régime, sans les nommer, alors que le président Hassan Rohani a lui parlé d'une «petite minorité» de contestataires. M. Rohani a en outre demandé à son homologue français, Emmanuel Macron, de prendre des mesures contre les activités des Moudjahidine basés en France, selon la TV d'Etat. La classe politique en Iran - réformateurs comme conservateurs - s'est positionnée contre les violences lors des manifestations, tout en soulignant la nécessité de trouver une solution aux problèmes économiques, principalement le chômage qui a atteint 30% chez les jeunes. Hier, lors d'une massive mobilisation pro-régime, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à travers le pays pour apporter leur soutien aux leaders religieux. Munis de banderoles dénonçant les «fauteurs de troubles», les manifestants ont repris des slogans en faveur du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et crié «Mort à l'Amérique» et «Mort à Israël». La télévision d'Etat a montré des images en direct de manifestations massives. «Nous offrons à notre guide le sang qui coule dans nos veines», ont scandé les participants. D'autres manifestations pro-régime sont prévues jeudi à Ispahan et Machhad. Seules quelques petites protestations sporadiques en province ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et impossibles à vérifier, contrastant avec les précédentes nuits de contestation contre l'austérité économique et le pouvoir.