Les statistiques sont effarantes. C?est un drame national surtout si l?on sait que ces femmes n?ont jamais eu droit à une prise en charge psychologique et que ? pis encore ? elles sont rejetées par la société. Mme Benhabiles, présidente du Mouvement féminin algérien de solidarité avec la femme rurale, a assuré que le nombre de femmes violées par les terroristes dépasse les 7 000. «Les statistiques parlent de 7 000, mais nous, qui sommes sur le terrain, sommes convaincus qu?il y en a plus.» Lors d?une conférence de presse tenue hier à la Maison de presse Tahar-Djaout à l?occasion de la Journée mondiale de la femme rurale, Mme Benhabiles rappelle le legs macabre du terrorisme qui a surtout terrassé la femme rurale. «Le monde rural a été frappé de plein fouet par le terrorisme. Rappelez-vous la femme brûlée à Ouargla !», a résumé l?oratrice qui, dans sa plaidoirie, s?est désolée de la situation actuelle de ces milliers de femmes violées, à la liberté séquestrée, des femmes chassées par leurs propres parents, car portant les stigmates de l?horreur. Les pouvoirs publics sont aujourd?hui coupables aux yeux de Mme Benhabiles d?avoir carrément oublié une frange vulnérable de la société algérienne qui a subi les affres des années rouges du terrorisme. «Je suis déçue de voir que les pouvoirs publics ne se soient pas penchés sur le traitement de ce phénomène. Je suis déçue de voir que le statut concernant la situation de ces femmes tarde à voir le jour», s?est-elle insurgée. En plus de ces femmes violées, il a été aussi question des cas de mariage dit «orfi», une tradition qui se répand à nos jours dans les zones rurales. Non inscrit à l?état civil, ce mariage aura, de l?avis de l?oratrice, beaucoup de conséquences néfastes : la non-scolarisation des enfants par exemple et donc l?impossibilité pour eux d?accéder à la citoyenneté.