Enjeu Quelque 1,3 million d'électeurs devaient élire ce samedi, à la proportionnelle, leurs députés. Il est prévu cependant un boycottage des 80 000 Serbes de la province. Le scrutin, surveillé par 12 000 observateurs locaux et étrangers, s'est ouvert à 5h GMT et devait se terminer à 18h GMT. Officiellement province serbe, le Kosovo, peuplé d'Albanais à plus de 90%, est administré par l'ONU depuis la fin de la guerre (1998-1999) entre les forces serbes et les séparatistes albanais. A l'occasion de ces législatives, les deuxièmes depuis que l'ONU administre la province, l'Otan a renforcé avec 1 000 soldats supplémentaires sa présence, forte actuellement de 19 300 hommes. Mais la minorité serbe estime que sa sécurité n'est pas garantie après des émeutes antiserbes qui ont fait 19 morts en mars dernier. Elle a décidé de boycotter le scrutin même si quelques rares leaders serbes ont appelé à participer au vote. Quelque 80 000 Serbes vivent actuellement au Kosovo après que 200 000 l'eurent abandonné à la fin de la guerre. En prônant le boycottage, les Serbes du Kosovo ont suivi une consigne du Premier ministre serbe Vojslav Kostunica, un nationaliste modéré, alors que le président réformateur, Boris Tadic, comme la communauté internationale dans son ensemble, les a appelés à participer au scrutin. «J'appelle vigoureusement les Serbes du Kosovo à participer pleinement aux élections», a déclaré, à la veille du vote, le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer en soulignant que la Force multinationale de paix au Kosovo (Kfor) «faisait tout son possible» pour assurer un environnement sûr pour la tenue du scrutin. «Participer aux élections équivaudrait à donner une légitimité aux institutions qui tuent, chassent et brûlent les Serbes du Kosovo», a récemment déclaré un leader serbe du Kosovo, Marko Jaksic, à Kosovska Mitrovica (nord du Kosovo), une ville dont le Nord est serbe, le Sud albanais. Ce boycottage fait peser une incertitude sur la participation de la minorité serbe à des négociations sur le statut final du Kosovo qui doivent débuter l'année prochaine. L'écrasante majorité des Albanais du Kosovo réclame l'indépendance, une option rejetée tant par Belgrade que par les Serbes du Kosovo. Après les législatives, le Parlement doit élire le président qui proposera un Premier ministre. Selon les derniers sondages, aucun parti ne devrait obtenir la majorité absolue et un gouvernement de coalition devrait ainsi être constitué.