L'« ex-futur président » tunisien a averti ceux qui doutent de la régularité du scrutin l Avis aux amateurs… Les Tunisiens votaient hier lors d'élections générales où le président sortant, Zine El Abidine Ben Ali (73 ans), était assuré d'une réélection pour un cinquième mandat de cinq ans. Sous un doux soleil d'automne, les bureaux de vote ont ouvert à 8h locales (7h GMT) pour fermer à 18h (17h GMT), les résultats officiels devant être proclamés lundi. Quelque 5,2 millions de Tunisiens sont inscrits dans les 26 circonscriptions électorales de ce pays de 10,3 millions d'habitants. A 16h locales (15h GMT), le taux de participation atteignait officiellement 84,15%. Après 22 ans au pouvoir, le président Ben Ali brigue un cinquième quinquennat consécutif en mettant en avant la stabilité et le développement du pays, en dépit de la crise économique et de la hausse du chômage. Il a voté à Carthage, près du palais présidentiel, avec son épouse Leïla, très présente durant sa campagne électorale. Ce mandat sera en principe le dernier, la Constitution amendée en 2002 limitant à 75 ans l'âge du Président. « Je vote Ben Ali par habitude, je ne connais que lui », explique Abdelkrim, chauffeur de taxi, venu voter dans le faubourg populaire d'El Intilaka, à l'ouest de Tunis. « Je vote pour lui. Il a fait de bonnes choses pour le pays. Je veux seulement du travail pour mes deux filles diplômées au chômage », dit Saïda, fonctionnaire. Bahija, 50 ans, a souhaité « que le président fasse quelque chose pour ramener » au pays son fils parti illégalement en Italie pour travailler. M. Ben Ali avait succédé, en 1987, au premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba, qu'il avait destitué pour « sénilité ». En 2004, il avait été reconduit par 94,48% des suffrages et son parti obtenait une majorité écrasante à la Chambre des députés. Un score contesté par ses adversaires. Face à lui, le président sortant retrouve deux dirigeants proches du pouvoir : Mohamed Bouchiha (61 ans) du Parti de l'unité populaire et Ahmed Inoubli (51 ans) de l'Union démocratique unioniste. Le troisième, Ahmed Brahim (63 ans), qui se pose en « vrai concurrent » réclamant l'alternance, s'est plaint de censure et d'entraves à sa campagne. « J'ai réussi à faire entendre une autre voix que celle du régime, cela me suffit », a-t-il déclaré hier à la presse, au sortir d'un bureau de vote d'une banlieue résidentielle de Tunis. 84,15% de participation à 16h… Le résultat des scrutins ne faisait aucun doute aux yeux des observateurs et les trois rivaux de Ben Ali sont partis « sans illusion » à la troisième élection présidentielle pluraliste. Le parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), devrait conserver la majorité des 214 sièges à pourvoir à la Chambre des députés. La campagne électorale a illustré le fossé existant entre la logistique modeste de l'opposition et la machine de guerre électorale du RCD, fort de 2,7 millions d'adhérents et profondément ancré dans le pays. Les opposants espèrent surtout une présence renforcée au Parlement, la présidentielle ne constituant pas d'enjeu à leurs yeux. Les plus radicaux des opposants, Mustapha Ben Jaafar et Ahmed Nejib Chebbi, se sont retrouvés hors course présidentielle, et le dernier a dénoncé « une mascarade ». A la veille du vote, M. Ben Ali a fustigé « une minorité infime de Tunisiens » qui se livreraient à « une campagne désespérée » pour mettre en doute l'honnêteté du scrutin, surveillé par un observatoire national. Il faut noter que Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, a été invité en Tunisie pour offrir son « expertise » en matière de surveillance des élections. Agences, H. M.