Carrure Voilà trente ans que le chanteur va d?expériences en aventures, de rencontres en découvertes. Initié conjointement par le quotidien El Djazaïr New?s et l?Etablissement Arts et Culture, la forum Culture et Art, dont la première édition s?est tenue jeudi à la médiathèque Agha, a invité l?un des représentants de la chanson kabyle, Djamel Allam, pour parler de sa carrière artistique. «Je n?aime pas qu?on parle de chanson kabyle. Je suis un chanteur algérien seulement d?expression kabyle, plutôt d?expression amazighe.» Et de reprendre : «Je suis Algérien sans pour autant renier ma particularité qu?est ma kabylité et je m?exprime en tant que tel.» Ayant derrière lui une longue carrière musicale jalonnée de moments phares et de grands succès, Djamel Allam a baigné dans un environnement culturel éclectique. «Je suis né et j?ai évolué dans une culture plurielle», exprime-t-il et d?ajouter : «J?ai la culture arabo-andalouse, chaâbie? Il y a une espèce de mélange, de synergie, je m?inspire de mes lectures, de mes rencontres?» Quant à ses rencontres, Djamel Allam a côtoyé nombre d?artistes, tels cheïkh Sadek el Bedjaoui, Guerrouabi, Saloua? Djamel, qui rêvait de faire de la musique, entre, au lendemain de l?indépendance, au conservatoire et s?initie à la snitra (instrument de musique). «Je voulais faire du violon, mais il m?était impossible de le faire parce qu?il était malaisé de le manier.» Et c?est à ce moment-là qu?il connut cheïkh Sadek el Bedjaoui. «Il (cheïkh Sadek el Bedjaoui) était mon maître et j?ai beaucoup appris avec lui, il m?a initié au répertoire arabo-andalou et chaâbi.» Plus tard, Djamel Allam intégra les groupes bougiotes de musique moderne. En 1967, il quitte Béjaïa pour Marseille. En France, Djamel Allam, machiniste au théâtre du Gymnase, côtoie Brassens, Moustaki, Bobby Lapointe, Patrice Chereau, Marcel Maréchal et surtout Léo Ferré. Et c?est sur insistance de Bernard Lavilier, autre ami chanteur, qu?il monte à Paris et se produit dans les cabarets de la rive gauche. «Ma rencontre avec tous ces artistes m?a enrichi et m?a ouvert la voie de la création artistique», confie-t-il. De retour à Alger en 1971, Djamel Allam est animateur et producteur à la Chaîne III. Il est aussi directeur artistique au cabaret La Voûte à Moretti dans la banlieue d?Alger. Il y invite Marc Ogeret et évidemment Léo Ferré ainsi que d?autres chanteurs à texte. Un an plus tard, en 1972, Djamel Allam fait sa première grande scène à Alger (la salle El-Mougar) en première partie du duo Arezki et Brigitte Fontaine. Djamel se veut un chanteur à texte. «Mes chansons sont à thème», explique-t-il, ajoutant : «Chaque chanson raconte une période de ma vie.» «La chanson est comme la sociologie, à partir du moment où le chanteur regarde la société comment elle fonctionne.» Djamel Allam, l?un des représentants de la chanson kabyle, estime que celle-ci a évolué à travers les générations. «Dans le style comme dans le thème, la chanson kabyle a évolué depuis cheïkh El Hasnaoui et ce grâce aux enregistrements qui l?ont portée loin.» Son premier album Mara-dyughal sort en 1973 et entre 1978 et 1985, ce sont trois albums qu?il enregistre : Les rêves du vent (1978), Si Sliman (1981) et Salim (1985). Plus tard, au lendemain d?octobre 88, Djamel Allam sort un autre album Mawlub, un douloureux témoignage sur les événements dont il a été témoin. En 1996 paraît Le chant des sources, un album qui se veut un témoignage de l?ensemble de son ?uvre revisitée à la manière acoustique. L?album Gouraya sort en 2001, avec la complicité de son ami Safy Boutella. En 2003, il édite un coffret où toute sa carrière musicale est compilée. Voilà trente ans que Djamel Allam va d?expériences en aventures, de rencontres en découvertes. Il se dit chanteur engagé mais aussi sentimental à partir du moment où il parle de choses et d?autres. L?essentiel pour lui est de faire partie de l?héritage collectif. A noter que Djamel Allam se produira les 7 et 8 novembre à la salle Ibn Khaldoun.