Eclat Reine au temps du célèbre «Rumble in the Jungle», ce choc entre Muhammad Ali et George Foreman du 30 octobre 1974 au Zaïre, la catégorie des poids lourds en boxe a perdu de son éclat, vivant dans la confusion en attente du prochain Ali, voire d'un Tyson. Différents facteurs sont à l'origine de ce déclin : la multiplication des fédérations, l'indifférence des networks américains, l'intérêt grandissant pour les catégories plus légères et le transfert des «gros bébés» vers des sports plus lucratifs, comme le football américain. La couronne mondiale qu'avait conquise Ali en 1974 s'est brisée en morceaux au fil des apparitions de diverses fédérations, produisant autant de champions en trois lettres comme Chris Byrd (IBF), John Ruiz (WBA), Vitaly Klitschko (WBC) et Lamon Brewster (WBO. «Au stade actuel, si les quatre détenteurs de titre s'alignaient en tenue civile, aucun ne serait reconnu par le grand public», ironise Bert Sugar, historien américain de la boxe. Pour lui, aucun n'a le talent et le charisme nécessaires pour attirer l'attention et faire rêver «les mômes qui ont besoin d'une idole». Centre d'intérêt du sport mondial, les poids lourds sont passés dans l'ombre des grands sports US que sont le base-ball, le basket-ball, le football américain, voire le golf. Quant au Britannique Lennox Lewis, il a gagné le respect de la communauté pugilistique en atomisant Tyson, mais n'a jamais vraiment conquis le c?ur de l'Amérique, là où se font et défont les carrières à travers l'élément essentiel de la reconnaissance : la couverture télévisée. En matière de boxe, celle-ci est principalement entre les mains des chaînes à péage. Mais elles ne sont pas accessibles à tout le monde et surtout au fan de base qui n'a pas forcément les moyens d'accéder au câble puis payer encore jusqu'à 50 dollars pour le droit de voir un combat. Les tapis de dollars se déroulent désormais devant des poids plus légers comme l'Américain d'origine mexicaine Oscar De La Hoya, le Portoricain Felix Trinidad ou la pléiade de champions mexicains, «pour répondre au public latino qui forme désormais la base des fans de la boxe». Les poids lourds attendent leur messie, un champion capable de titiller la curiosité au-delà du monde fermé de la boxe.