Constat «Il n?y a pas de crise au FFS.» Hocine Aït Ahmed a tenu à rassurer tout le monde que le plus vieux parti de l?opposition se porte bien. Jeudi, au 56, avenue Souidani-Boudjemaâ, siège du FFS, l?ambiance était particulière. Le «zaïm» était attendu par les siens pour les ultimes réglages des soupapes avant son retour à Lausanne. D?emblée, Aït Ahmed parle d?exploit : «Face à l?adversité du pouvoir, c?est un miracle que le parti existe.» Le message était adressé aux cadres du FFS venus, le temps de retrouvailles nocturnes, écouter le discours d?un homme qui, du haut de ses 78 ans et au détour de pénibles pérégrinations, le plus souvent forcées, se dit «en bonne santé» pour continuer à diriger un parti qu?on disait exsangue après la démission de Mustapha Bouhadef (présent hier aux travaux du conseil national) et le début d?une crise interne. Sur ce registre, le charismatique chef joue la carte de la stabilité. «Je suis venu remettre de l?ordre à la maison», a-t-il asséné d?un ton ferme. Prochaine cible : les gens de la presse. Aït Ahmed les cloue au pilori. «J?ai décidé de dissoudre le FFS et de le soumettre aux journalistes pour régler définitivement sa crise», ironisait-il sur un ton aigre-doux, comme s?il voulait parler de «conspiration». Toute la famille FFS était là et applaudissait, même Ahmed Djeddaï qui, discret, avoue que «c?est toujours un plaisir de voir Si L?Hocine donner un coup de rein au parti». En plus de ce «coup de rein» que tout le monde, au sein du FFS, voudrait voir, Aït Ahmed était venu parler aussi de «la gestion catastrophique du pays», un sujet à propos duquel il estime qu?avec ses «partenaires», il est «en train de réfléchir sur les voies et moyens pour faire évoluer la société», tout en avouant au passage que «l?initiative politique est entre les mains du pouvoir». Le président du FFS s?est dit navré des erreurs commises par le passé et surtout des atermoiements des uns et des autres. «La réconciliation prônée par Bouteflika n?est pas de nature à apporter un dénouement à la crise algérienne». Pour l?orateur, «l?Algérie est devant une situation de retour de la terreur». A l?adresse de Bouteflika, il a martelé : «La vraie réconciliation, c?est celle qui consiste en la restauration de la confiance entre le peuple et son gouvernement et la levée de l?état d?urgence.» L?homme, qui dit avoir gardé «des réflexes de militaire» quoi qu?il soit «antimilitariste quand je vais au fond des vrais problèmes», ne se désarme pas pour dire qu?il faut à tout prix «éviter une autre décennie noire». Après un long réquisitoire fortement pessimiste et très sévère à l?encontre du pouvoir, Aït Ahmed a lâché en guise d?épilogue une des habituelles lapalissades : «Où va-t-on comme cela ?» Une question sans réponse?