Passion Son intérêt pour la musique raï l?a amené à aller jusqu?au bout de ses aspirations, à savoir réaliser deux documentaires sur ce mouvement musical qui, depuis plusieurs années, est à la conquête du monde. InfoSoir : Présentez-vous aux lecteurs... Djamel Kelfaoui : Je suis réalisateur, auteur et journaliste. J?ai, en fait, une formation polyvalente. Je travaille sur le documentaire en général. Mon premier documentaire s?intitule L'Algérie, mémoire du raï. Pourquoi avez-vous choisi le raï ? Ce n?est pas un choix, c?est plus lié à une conjoncture culturelle qui correspond à l?émergence de ce mouvement musical aux débuts des années 1980. Je me suis inscrit dans un cheminement de travail autour d?une mémoire avec une envie d?archiver des séquences, des images, des concerts. C?est octobre 88 qui m?a poussé à venir au bled et à m?intéresser davantage à ce genre musical. Comment est né le projet ? Je travaillais dans une agence de presse où j?avais la possibilité de sortir avec la caméra d?une manière indépendante et de couvrir tous les concerts qui se déroulaient en banlieue parisienne, et ça m?a amené à cumuler une quantité d?archives pour les besoins de mon documentaire. Et comment s?est-il concrétisé ? J?ai donc rassemblé toutes mes archives puis j?ai abordé un travail d?écriture autour du documentaire. J?ai tourné en rond parce que j?ai travaillé dans des conditions assez difficiles à compte d?auteur, jusqu?au jour où j?ai rencontré un producteur auquel j?ai donné une idée géniale, il s?est dit pourquoi ne pas monter une série que l?on appellerait histoire en musique. L?idée est de raconter l?histoire en musique de plusieurs pays, à savoir le Brésil, l?Irlande, la Grèce, le Mexique et l?Algérie. Et comme le raï était porteur en Europe - et dans le monde - et que c?était un mouvement musical qui intéressait beaucoup de gens, cela a donné L?Algérie, mémoire du raï. Que vous a apporté ce documentaire ? Déjà la reconnaissance, la consécration en toute modestie, la satisfaction à partir du moment où mon film a été primé, en 2001, au Canada, il a obtenu le premier prix du festival «Vues d?Afrique de Montréal». C?est aussi l?envie d?apprendre davantage et d?avoir d?autres idées, d?autres projets en tête. Il y a également une énorme expérience, un enrichissement. Comment est né «Le raï des anciens» ? Depuis dix ans, je connaissais Bouteïba Sghir. Je l?ai découvert dans un célèbre cabaret Le Mon Seigneur. Malheureusement, je n?ai jamais eu l?occasion de tourner là où il se produisait et lorsque j?ai eu les moyens de le faire, Bouteïba Sghir est tombé malade et il s?est retiré, et le cabaret a fermé. Je l?ai retrouvé plus tard, puis je l?ai filmé. J?ai monté des soirées au mois de mars autour d?une série de concerts arabo-andalous et chaâbis, il y avait aussi la musique oranaise. On a mis sur scène Bouteïba aux côtés de cheïkha Remiti. Je n?avais pas les moyens techniques, donc j?ai appelé un copain à Canal+ qui m?a proposé de faire un sujet sur Bouteïba. Que voulez-vous montrer à travers votre documentaire ? A travers Bouteïba Sghir, c?est un hommage rendu aux précurseurs du raï moderne des années 1970, c?est-à-dire Bellemou, Bouteldja Belkacem et Bouteïba qui sont le symbole du courant musical que l?on appelait déjà le pop raï et qui ont été marginalisés. C?est la raison pour laquelle je me suis intéressé à eux. Quels sont vos projets ? Il y a une suite de L?Algérie, mémoire du raï. Dans mon prochain documentaire, je parlerai du raï dans le monde. Je raconte le raï en dehors des frontières, le raï dans l?exil dès les années 1970, sa consécration à travers cheb Khaled et cheb Mami. J?ai un autre projet d?écriture qui s?articulera autour d?un travail de réadaptation d?un texte de Rachid Mimouni.