Phénomène Beaucoup prennent leur congé annuel durant le ramadan pour profiter du plaisir des grasses matinées ou pour des raisons pécuniaires, puisqu?ils se convertissent à divers métiers l?espace d?un mois. Une blouse blanche maculée d?huile, les mains pleines de pâte et les yeux rivés sur les grosses poêles où nage de la zlabia, tel est le quotidien de Amar depuis le début du ramadan. Des gestes que ce quinquagénaire maîtrise au point de donner l?air d?être un halouadji par vocation. Pourtant, ce n?est que durant le mois sacré que Amar enfile sa blouse et ressort les poêles qu?il remettra au placard à la veille de l?Aïd. Une activité qui n?a d?ailleurs rien à voir avec sa vraie occupation d?employé dans une banque publique. Néanmoins, avec un salaire loin de couvrir les besoins d?une famille composée de huit membres, il est obligé de mettre la main à la pâte. «Je n?arrive toujours pas à croire que j?ai tenté l?expérience voilà 10 ans», dira-t-il. Une période durant laquelle il prend son congé annuel pour se consacrer à ce métier qui lui permet d?alléger le poids des dépenses annuelles et même de mettre des sous de côté. Ainsi, le ramadan est synonyme d?activité intense pour Amar qui déploie des efforts énormes durant tout le mois sacré. Après avoir loué un petit 9 m2, il installe son matériel et investit le local qui devient un chez-lui. Durant un mois, il ne rentre à la maison que pour le f?tour avant de revenir à son local. «Les gens ne voient qu?un homme qui surveille les poêles et qui donne des ordres à son assistant», dit-il en expliquant : «Nettoyer le matériel tard la nuit, préparer la pâte le matin, astiquer le magasin et faire les courses pour alimenter le commerce qui tourne à plein régime, ça n?a rien d?une partie de plaisir», affirme-t-il en attirant l?attention sur la chaleur suffocante dans laquelle il évolue. Des désagréments dont il se serait bien passé «si j?avais le choix», regrette-t-il. Ainsi, Amar se voit bien faire la grasse matinée, traîner au marché et suivre quelques feuilletons à la télé, mais au moment de prendre la décision, il se rétracte pour rempiler le temps d?un autre ramadan. Pourtant, ses enfants lui ont déjà fait la remarque puisqu?ils sont en âge d?assumer cette charge, étant assez expérimentés vu qu?ils l?accompagnent dans son expérience de halouadji depuis le début. Cependant, le protectionnisme paternel de Amar le pousse à rester fidèle au poste dans la crainte de voir ses fils s?en mêler les pinceaux. «La retraite, pas ce ramadan-là !»