Aveu Après des années d?atermoiements et pour mettre fin aux sanctions qui pèsent sur elle, Tripoli a fini par admettre sa responsabilité. La Libye a reconnu officiellement, hier, vendredi, dans une lettre à l'ONU, sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en 1988, ouvrant la voie à une levée des sanctions pesant sur Tripoli lorsque le problème posé par la France sera réglé. «La lettre dans laquelle la Libye reconnaît sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie a été remise au président du Conseil de sécurité de l'ONU», a annoncé l'ambassadeur britannique à l'ONU, Emyr Jones-Parry. Selon lui, la missive «établit clairement que la Libye remplit les conditions préalables à la levée des sanctions prises par le Conseil de sécurité». La Libye «a organisé le paiement d'une compensation appropriée», indique, sans chiffres, la lettre de Tripoli. Après cette reconnaissance de responsabilité, les Etats-Unis «ne s'opposeront pas à la levée des sanctions» de l'ONU, suspendues en 1999, a annoncé la Maison-Blanche. La remise de la lettre de la Libye, par Ahmed Own, adjoint de l'ambassadeur libyen auprès de l'ONU, entre dans le cadre d'un accord récent entre la Libye, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, aux termes duquel Tripoli s'engage à verser 2,7 milliards de dollars (dix millions par victime) en échange d'une levée des sanctions internationales imposées au début des années 1990. Cet accord fait suite à des années de discussions avec les familles des victimes. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont également remis hier une lettre au Conseil de sécurité, dans laquelle les deux pays proposent une levée des sanctions et s'engagent à ne pas s'y opposer. Mais la France se démarque, laissant entendre clairement qu'elle mettra son veto à un projet de résolution sur la levée des sanctions si Tripoli n'accorde pas des indemnités similaires à celles accordées dans l'affaire Lockerbie aux familles françaises des victimes de l'attentat contre un vol de la compagnie française UTA au-dessus du Sahara en septembre 1989 (170 morts). Cette attitude de la France a été dénoncée aussi bien par la Libye, par la voie de son ministre des Affaires étrangères, Abderrahmane Chalgham, qui a qualifié les exigences françaises de «chantage», que par les familles des victimes américaines. Pour rappel, un Boeing 747 de la compagnie américaine PanAm reliant Londres à New York avait explosé, le 21 décembre 1988, en vol au-dessus du village écossais de Lockerbie, faisant 270 morts.