Dénouement Les Etats-Unis et la France se sont abstenus au vote au Conseil de sécurité des Nations unies. Le vote a été acquis par 13 voix pour et 2 abstentions, celle de la France qui avait menacé de faire usage de son droit de veto contre le projet britannique levant ces sanctions et des Etats-Unis, qui avaient activement fait campagne en faveur du projet. La Libye, qui figure sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme, n'a finalement pas obtenu la claire réadmission au sein de la communauté internationale qu'elle recherchait en concluant un généreux accord de compensation pour les victimes de l'attentat de Lockerbie (270 morts en 1988). James Cunningham, l'ambassadeur américain adjoint à l'Onu, a ainsi souligné que «le comportement de la Libye continuait à causer des soucis sérieux aux Etats-Unis», affirmant que ce pays continuait «à essayer de se procurer des armements de destruction massive», notamment chimiques et biologiques. «Les Etats-Unis vont intensifier leurs efforts pour mettre un terme aux actions menaçantes de la Libye et cela inclut le maintien dans toutes leur ampleur des sanctions bilatérales américaines», a-t-il encore dit. Tout en estimant la levée des sanctions comme «une étape importante», le représentant de la France, Jean-Marc de La Sablière, n?en pense pas moins que la France «fera preuve de vigilance pour que l'accord conclu entre les familles des victimes du vol UTA et la fondation Kadhafi soit mis en ?uvre rapidement». Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la levée des sanctions qui étaient suspendues depuis 1999 après avoir été prises sept ans plus tôt par l'Onu à la suite des attentats contre le Boeing 747 de la Pan Am et le DC-10 de l'UTA. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, s'est félicité de ce vote en espérant que «cette étape importante (...) aidera les familles des victimes des événements tragiques de Lockerbie en 1988 et du Niger en 1989». Tripoli a également salué une décision qui «montre que la Libye a rempli tous ses engagements et respecte la loi et la légalité internationales», a déclaré le responsable en charge du dossier de Lockerbie, Mohammad Al-Zouaï. L'adoption de cette résolution a évité la crise diplomatique majeure qu'aurait provoquée un veto de la France dans un Conseil de sécurité toujours divisé par la situation en Irak. La France avait, en effet, menacé de bloquer le projet britannique si les familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 de l'UTA au-dessus du Niger en 1989 ne recevaient pas des indemnisations «équitables» par rapport à celles qui doivent être versées aux ayants droit de l'explosion du Boeing 747 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie en 1988. - Des centaines de Libyens ont chanté et dansé dans les rues de Tripoli dans la nuit de vendredi à samedi pour célébrer la levée des sanctions par l'ONU, qualifiée de «victoire» par les médias officiels. Des jeunes, brandissant des portraits du dirigeant libyen Mouammar El -Kadhafi et des banderoles se félicitant de la levée de l'embargo, se sont rassemblés sur la Place Verte, au centre de Tripoli. Ils entonnaient des chants nationalistes et du terroir libyen et répétaient des slogans à la gloire du colonel El-Kadhafi en dansant sur la vaste esplanade. Les habitants des immeubles entourant la place étaient massés sur les balcons et les femmes poussaient des youyous de joie, alors que des voitures circulaient dans Tripoli en klaxonnant. La télévision officielle libyenne a annoncé dans son bulletin que le peuple libyen avait «réalisé une nouvelle victoire». L'agence libyenne Jana a affirmé, pour sa part, que «le peuple libyen et son leader ont dirigé avec sagesse cette bataille qui a mené à la levée des sanctions».