Impact L'économie nationale ne peut supporter un euro «dopé». Dans ce cas précis, la facture des importations, les prix et le service de la dette vont indubitablement augmenter. Dans son rapport de conjoncture 2004, le Cnes allie chiffres optimistes, d'autres moins reluisants, éclairages et mises en garde. Pour ce qui est de l'économie, le Cnes, tout en relevant «les recettes exceptionnelles générées par la manne pétrolière», met en exergue «les atermoiements observés en matière de réformes économiques et de privatisations» et surtout «la prédominance des systèmes rentiers dont un certain nombre se nourrit de réseaux clientélistes». Les experts du Conseil relèvent, au passage, beaucoup d'ambiguïtés concernant la gestion des secteurs économiques confondus. A titre d'illustration, ils soulignent «le paradoxe manifeste entre l'accroissement important des investissements dans le secteur de l'agriculture et la hausse constatée de la facture alimentaire». Dans un autre registre, ces experts redoutent des implications directement néfastes concernant l'envolée de l'euro par rapport au dollar. «La hausse de l'euro induit non seulement une augmentation de la facture des importations, mais aussi un renchérissement des prix sur le marché national ainsi que des coûts additionnels quant au service de la dette». Au sujet du trafic routier, les experts ont souligné qu'«une réduction de 5% des accidents procure des économies équivalant au budget de fonctionnement de l'actuel ministère des Transports !». Dans le registre «population et santé», il est signalé qu'en 2003 l'espérance de vie a augmenté à hauteur de 73,9 pour les hommes et de 74,9 pour les femmes. Le Cnes se réjouit du taux de la scolarisation des 6-15 ans qui est passé de 90,47% en 2000/2002 à 92,69%. Un progrès dû essentiellement à l'augmentation de la scolarisation des filles. Toutefois, la déperdition scolaire reste importante avec un «passif» annuel de quelque 450 000 élèves. Chiffre arrêté à 2003. Dans son tout frais rapport, le Cnes fait un constat peu reluisant de la situation de la femme algérienne. L'on signale que 25% des personnes qui exercent dans le secteur informel sont des femmes. Ce taux donne à peu près quelque 308 000 femmes. La raison ? «La crise nationale de l'emploi structuré force les femmes à investir les activités informelles et le travail non déclaré», lit-on en substance. L'évolution du chômage féminin est terrible. Le rapport rappelle que l'accroissement annuel moyen de ce type de chômage est de 11% alors que le taux d'évolution national, tous sexes confondus, n'est que de 4,8%. Les rédacteurs du rapport se désolent de voir la femme «en bas de la pyramide économique, car faisant les frais des idées rétrogrades et traditionalistes qui subsistent encore, même dans les manuels scolaires».