Absence Les kiosques offraient ce lundi matin un spectacle qu?on croyait révolu. Un grand vide ce lundi matin, sur les étals des kiosques. Cinq quotidiens sur les six ayant reçu dernièrement des mises en demeure de la part des imprimeries de l?Etat leur intimant l?ordre de «payer leurs factures» ont été interdits de parution : Le Matin, Liberté, Le Soir d'Algérie, L'Expression et Erraï. El Watan et El Khabar, deux journaux, possédant leur propre imprimerie à El Achour, ayant reçu eux aussi des mises en demeure, ont pu paraître au centre du pays. Ces deux quotidiens, ont été, en revanche, pénalisés, par une interdiction de parution aussi bien à l?Est qu?à l?Ouest du pays. «El Khabar est arbitrairement interdit de parution à l?Est et à l?ouest du pays», écrit le premier quotidien d?Algérie avec près de 500 000 exemplaires jour. Sous le titre «Ils ont voulu nous faire taire», le quotidien Liberté écrit pour sa part dans son édition électronique de ce lundi matin : «Nous avons payé nos factures, mais ils ont refusé de nous imprimer. Hier soir, les pages du journal ont été normalement acheminées à l?imprimerie du Centre ou ils ont refusé de les imprimer. Pourtant, le directeur de l?imprimerie avait solennellement pris l?engagement que Liberté sera imprimé dès lors qu?il a dûment réceptionné la totalité du chèque réclamé avant l?expiration du délai. La remise dudit chèque a été faite en présence des directeurs du Matin et du Soir d?Algérie, Liberté l?a fait. Exit donc l?argument financier.» «Toutes les tentatives de ramener la direction de la société d'impression d'Alger Simpral à de bons sentiments se sont soldées par un échec », écrit le journaliste du Matin lundi matin sur son édition électronique. Sous le titre «Le Matin interdit de paraître», il indique que les tractations engagées dimanche par les responsables du quotidien dans le but de permettre l'impression de leur journal se sont heurtées «à un refus catégorique de l'imprimeur ». Résultat : Le Matin n'est pas aujourd'hui sur les étals des buralistes ». Même réaction pour Le Soir d?Algérie, interdit, lui aussi de parution. «Le fallacieux argument commercial n?a pas convaincu et les masques ont commencé à tomber», affirme Le Soir d?Algérie ajoutant qu?il «y a là une grande violation des termes du contrat liant le journal à l?imprimerie de l?Etat.» «Nous avons saisi hier par lettre la société d?impression du Centre pour l?informer de notre disponibilité à nous acquitter de la somme demandée tout en précisant qu?il nous fallait quelques jours pour alimenter notre trésorerie et satisfaire cette exigence financière ». La réponse de l?imprimerie, ajoute le journaliste était sans appel : «Aucun tirage ne pourra s?effectuer avant paiement de l?intégralité de la somme demandée». «En réalité, cette menace de suspension est tellement transparente qu?il faut être plombé pour ne pas voir qu?elle est cousue de fil blanc», a déclaré le quotidien L?Expression sur son édition électronique. «Le gouvernement, qui n?en est pas à son premier impair, vient de se rendre, encore une fois, coupable d?une énième récidive mettant dans l?embarras et en porte-à-faux ses imprimeries». Le journaliste de L?Expression termine son article par cette phrase lourde de sens : « Dans un pays où la cooptation fait loi, la loi et la justice sont encore à des années-lumière et ceci explique un peu cela» .