Mythe On parle d'un ogre à la barbe et aux cheveux hirsutes qui hanterait la forêt. Il y a encore un demi-siècle, les forêts de l'Ouarsenis, étaient encore touffues. Les villageois racontaient qu'elles étaient peuplées de bêtes sauvages, et même de lions et qu?il fallait éviter de s'y rendre seul. Certains affirmaient qu?elles étaient hantées par des personnages fantastiques, notamment des ogres. Ce n'étaient bien sûr que racontars de montagnards pour qui le merveilleux fait partie de l'existence. Un jour, des jeunes gens, partis chercher du bois, sont revenus épouvantés. ? Nous avons rencontré un ogre ! ? Un ogre ? Qu'est-ce que vous racontez là ? ? Oui, un ogre : un homme aux cheveux et à la barbe hirsutes, armé d'un gourdin ! Si certains villageois veulent bien les croire, d'autres sont sceptiques. Un ogre dans la forêt ? Ce n?est pas croyable ! Mais voilà que quelques jours après, un homme, revenu de voyage, et ayant traversé la forêt, rapporte un récit analogue. ? J'ai vu un homme aux cheveux et à la barbe hirsutes... Je lui ai parlé mais il ne m'a pas répondu? ll me regardait d'un air étrange comme s'il voulait me? manger ! Le manger : le mot est lancé. L'homme ne peut être qu'un ogre ! Mais s?il y a un ogre dans la forêt, cela constitue un danger pour les villages environnants. ll peut, non seulement s'attaquer aux gens qui se rendent dans les bois mais aussi, quand il a faim, faire des incursions dans les villages. Il faut donc, s'il s'agit vraiment d'un ogre, le mettre hors d'état de nuire ! On convoque l'assemblée de village qui décide donc d'envoyer un groupe de jeunes gens dans la forêt pour voir ce qu'il en est. Les jeunes gens, armés de pioches et de gourdins, se rendent dans la forêt. lIs cherchent longtemps avant de tomber sur une cabane de berger abandonnée. ? C'est là qu'il doit vivre ! On tente d'entrer dans la cabane mais un homme en sorte, un gourdin à la main. ? Allez-vous-en, grogne-t-il. ? Qui es-tu ? demande un des jeunes hommes. ? Cette cabane comme cette forêt n'appartiennent à personne, dit-il. Je ne fais aucun mal... ? Est-il sûr que tu ne feras aucun mal ? ? Je le jure, dit-il. Je veux vivre ici, seul, en paix ! Les villageois se regardent. Voilà qui est bien dit. On se consulte et on se dit qu'après tout la forêt appartient à tout le monde et que si l'homme ne fait aucun mal, il a parfaitement le droit de vivre sur les lieux. On rentre au village. ? Alors ? demande-t-on au groupe. ? C'est un homme inoffensif, répondent les hommes. ll a choisi de vivre en ermite dans la forêt il en a tout a fait le droit. ? Alors ne nous occupons plus de lui ! Des gens croiseront celui qu'on appelle désormais «l'ermite de la forêt» mais plus personne ne fera attention à lui. (à suivre...)