Piste Le général Smeshko a reconnu avoir partagé un repas avec l?opposant ukrainien, mais rejeté toute participation à un complot. Les premiers symptômes de l?empoisonnement de Iouchtchenko seraient apparus peu après que celui-ci eut dîné, le 5 septembre, avec le général Ihor Smeshko, le chef des services secrets ukrainiens. Au retour de ce dîner, l'épouse de l'opposant dit avoir senti sur les lèvres de son mari un «étrange goût de médicament». Le général Smeshko a reconnu avoir partagé un repas avec lui, mais rejeté toute participation à un complot, comme l'en accusent les partisans de Iouchtchenko. Le malade a été admis à la clinique viennoise dès le 10 septembre, souffrant de «vives douleurs abdominales, de nausées et de vomissements». Les médecins concluent alors que la maladie a été causée par «une infection virale grave et, éventuellement aussi, par des substances chimiques qui ne se trouvent normalement pas dans des denrées alimentaires». Début octobre, Iouchtchenko retourne à Vienne en se plaignant cette fois de très violentes douleurs au dos, que la morphine parvient difficilement à calmer. Un possible empoisonnement à la dioxine est alors mentionné pour la première fois, le candidat de l'opposition ukrainienne ayant entre-temps développé une acné chlorique, affection cutanée caractérisée par des kystes jaunes et des comédons non inflammatoires. «Ce symptôme nous a mis définitivement sur la piste de la dioxine», a résumé le Dr Zimpfer, qui dirige la clinique privée Rudolfinerhaus de Vienne. L'équipe soignante, qui s'estimait incompétente en matière de «bioterrorisme», a alors lancé un appel à la communauté médicale internationale pour l'aider à établir un diagnostic, «mais personne ne s'est manifesté». Toujours perplexes, les médecins ont informé par écrit leur patient que «les symptômes et l'évolution de la maladie ne correspondaient à rien de ce qui est connu dans la médecine civile». Le refus du malade défiguré d'autoriser des prélèvements de peau a été cité par le Dr Zimpfer comme une des raisons ayant retardé l'établissement d'un diagnostic. Mais il a fini par accepter. Les analyses de ces prélèvements «nous ont apporté la preuve, irréfutable, qu'il s'agissait bien d'un empoisonnement à la dioxine», dit le Dr Zimpfer. Après l'annonce du diagnostic, Iouchtchenko a demandé l'ouverture d'une «enquête sérieuse», assurant qu'il s'abstiendrait de la commenter avant la présidentielle du 26 décembre. «Ce qui s'est passé est un règlement de comptes contre un homme politique de l'opposition, assurait-il pourtant deux jours auparavant. Et le but de cette opération était sans doute mon propre meurtre.»