Molière définissait ainsi la tabatière : «Petit grenier tabacchique» : il est vrai que la tabatière est une boîte qui s'ouvre et se ferme comme un grenier. En Angleterre, comme en France où on prisait beaucoup à l'époque de Molière, on fabriquait des tabatières en bois ou en métal, celles des riches étant finement ciselées ou émaillées. En Algérie, la tabatière de type européen a toujours été rare : le tabac à chiquer était surtout conservé dans des goussets ou des sachets, cekara, que l'on cachait sous la veste ou le burnous. Aujourd'hui encore, dans les campagnes, ce mode de conservation est encore en usage. En revanche, un autre procédé, la corne d'animal, a disparu. Autrefois, on l'exhibait attachée à la ceinture ; la même corne servait à transporter de la poudre de fusil. On l'appelait grun en arabe, et ich, achiw en berbère. Aujourd?hui, tous ces objets sont remplacés par la boîte métallique ronde, commercialisée par la Société nationale des tabacs et allumettes : boîta chemma, la boîte à chique ! La pipe, que l'on lie volontiers au tabac, est beaucoup plus ancienne puisqu'on en a retrouvé sur les sites préhistoriques : on devait l'utiliser pour fumer toutes sortes d'herbes... Mais c?est le tabac qui va lui assurer son développement. Les fumeurs de pipe ne sont pas très nombreux en Algérie. Cette façon de fumer, que l'on rencontre surtout dans les régions côtières, a été sans doute introduite par des marins étrangers. En tout cas, le nom de la pipe, sebsi, asebsi, est un «mot voyageur» que l'on retrouve dans plusieurs pays méditerranéens. Le mot sebsi a, aujourd'hui, tendance, à être remplacé par le mot pipa, issu de français pipe.