Communication Miguel Cervantès constitue le point de jonction entre deux cultures : espagnole et arabe. L?année 2005 est consacrée, à travers le monde, à la commémoration du 400e anniversaire de la première publication de Don Quichotte de Miguel Cervantès. A cette occasion, le Centre culturel espagnol d?Alger (Institut Cervantès) a organisé, dimanche, une rencontre intitulée «Cervantès à Alger», à laquelle plusieurs conférenciers ont pris part. «Mon Cervantès à moi» est l?intitulé de la première communication, donnée par Waciny Laâredj, romancier et universitaire. Lors de son intervention, le conférencier a tenu à mettre l?accent sur l?appartenance algérienne de Miguel Cervantès. «Cervantès a une part algérienne. Cette part, je la revendique, vu que ce dernier a vécu (captif) presque six années à Alger», a-t-il déclaré, précisant par la suite que «l?Algérie est pour quelque chose dans la naissance du roman moderne, voire universel, sachant qu?à son retour en Espagne, Cervantès s?est aussitôt mis à écrire Don Quichotte, dans lequel on décèle des influences culturelles arabo-musulmanes. Cela revient à dire que le projet littéraire de Cervantès est né à Alger». Waciny Laâredj déplore, cependant, l?absence de cette partie algérienne de Cervantès dans les réflexions formulées sur le roman de l?écrivain, cette autre personnalité de l?écrivain ignorée et omise par les critiques. Poétesse, traductrice et professeur de littérature à Alger et à Paris, Zineb Laouedj, quant à elle, a développé sa thèse à travers le thème : «L?Algérie dans les yeux du captif de Cervantès», en reprenant la réflexion de son confrère, à savoir que le roman de Cervantès est particulièrement marqué par une dialectologie puisée dans la culture mauresque. Selon l?intervenante, Miguel Cervantès a été imprégné par la culture arabo-musulmane, et ses influences se traduisent clairement dans son roman Don Quichotte. Elles sont davantage perceptibles dans un chapitre portant le titre de «Le Captif», où l?écrivain met en scène un personnage, un Espagnol, emprisonné à Alger, par les corsaires barbaresques. Ce récit, où se croisent dans un imaginaire extraordinaire réalité et fiction, fait analogiquement référence à l?expérience vécue par Cervantès, lorsqu?il était captif à Alger. L?écrivain, en rédigeant cette partie de sa vie, même si le récit ne se veut pas autobiographique, use de formules phrastiques, de vocabulaire ainsi que d?expressions empruntées à la culture arabo-musulmane. Cela témoigne de l?imprégnation de ce dernier de tous les éléments culturels spécifiques au monde mauresque. Il y a une dialectologie mauresque qui s?exprime d?un bout à l?autre dans son roman, notamment dans le chapitre «Le Captif». Cela fait ressortir également les expériences vécues par Cervantès à Alger, dans une société (espagnole) longtemps occupée par les Arabes. Enfin, pour finir, Ahmed Berraghda, professeur de littérature et civilisation hispaniques à l?université d?Alger, a parlé, au cours de son intervention, de la vision humaniste de Cervantès formulée en direction du rapport Orient/Occident, une dichotomie très présente dans son roman, considéré comme une ?uvre monumentale. L?intervenant a insisté sur l?universalité de Miguel Cervantès en tant qu?écrivain, soulignant qu?il est le point de rencontre entre deux cultures, la jonction entre deux mondes bien distincts, une culture mauresque, donc arabe, voire orientale, et une culture espagnole, donc européenne, voire occidentale. Et son roman Don Quichotte constitue ce point de ralliement.