Richesse Ce roman subit diverses influences culturelles et même linguistiques, notamment mauresques, voire algériennes. Don Quichotte paraît être un espace multidimensionnel où les trois systèmes littéraires le composant alimentent son imaginaire. Jorge Lozano évoque le latin, l?espagnol et l?italien. Il écrit : «Il [Cervantès] incorpore l?ironie d?Erasme, la fantaisie d?Arioste, le dialogue de la Renaissance ainsi que la poétique de Tasso. Toutefois, vient s?ajouter à ces trois composantes la culture arabe qui, à l?époque où il écrivait son roman, était dominante dans la conscience culturelle espagnole et dictait en conséquence ses attitudes littéraires. L?élément arabe est ainsi permanent ? et fort marquant ? dans l?écriture de Cervantès. Cela revient à dire que Cervantès avait une double culture, à la fois européenne et mauresque. Il se situait à la jonction de deux mondes bien distincts ; et Don Quichotte constitue, du coup, ce point de ralliement. A cet effet, Waciny Laâredj, romancier et universitaire, met singulièrement l?accent sur l?autre appartenance, celle qui est mauresque, de Miguel Cervantès. Il dira que l?écrivain porte en lui une culture arabe, notamment algérienne. «Cervantès a une part algérienne. Cette part, je la revendique, vu que ce dernier a vécu (captif) presque six années à Alger», dit-il, précisant que «l?Algérie est pour quelque chose dans la naissance du roman moderne, voire universel, sachant qu?à son retour en Espagne, Cervantès s?est aussitôt mis à écrire Don Quichotte, dans lequel on décèle des influences culturelles arabo-musulmanes. Cela revient [immanquablement] à dire que le projet littéraire de Cervantès est né à Alger». Cette thèse est particulièrement étayée par Zineb Laouedj, poétesse et universitaire, lorsqu?elle dit que «Don Quichotte, le roman, est marqué par une dialectologie puisée dans la culture mauresque. C?est-à-dire lorsque Cervantès prêtait la voix à ses personnages, il leur attribuait un vocabulaire puisé en partie dans un registre linguistique faisant bien référence à la culture mauresque ; et ses influences linguistiques sont perceptibles et se traduisent davantage dans un chapitre du roman portant le titre de Le Captif, où l?écrivain met en scène un personnage, un Espagnol, emprisonné à Alger, par les corsaires barbaresques». Ce récit, où se croisent, dans un imaginaire extraordinaire réalité et fiction, fait analogiquement référence à l?expérience vécue par Cervantès, lorsqu?il était, lui, captif à Alger. L?écrivain, en rédigeant cette partie de sa vie, même si le récit ne se veut pas autobiographique, use de formules phrastiques, de vocabulaire ainsi que d?expressions empruntées à la culture mauresque. Cela témoigne de l?imprégnation de ce dernier de tous les éléments culturels spécifiques au monde arabe, notamment celui d?Alger. Il y a une dialectologie mauresque en effet qui s?exprime d?un bout à l?autre de son roman, notamment dans le chapitre intitulé Le Captif. Cela fait ressortir également les expériences vécues par Cervantès à Alger, et aussi dans une société (espagnole) longtemps occupée par les Arabes. De là, l?on peut ainsi avancer l?assertion que Don Quichotte est un roman subissant diverses influences culturelles et même linguistiques, notamment mauresques, voire algériennes.