Alarme Les propriétaires sont accusés de verser dans le commerce au mépris de la loi et surtout de la déontologie Naguère, quand on voulait évoquer la déliquescence de la santé, on citait les hôpitaux publics auxquels on imputait mille et une tares, mais en présentant les cliniques privées comme le palliatif à la condition, toutefois, qu?elles s?acquittent convenablement de leur première tâche : prodiguer des soins. C?est que ces cliniques étaient encore à l?état de souhait de personnes qui s?inspiraient de ce qui se passait sous d?autres cieux. On en vantait alors le professionnalisme et surtout le sérieux du personnel. Aujourd?hui, devenues réalité, elles sont clouées au pilori et leurs propriétaires accusés d?être pris dans le tourbillon affolant du commerce et du profit. Le premier grief à leur encontre est la sous-facturation, mais aussi la surtarification. Pour payer moins d?impôts, on fait payer aux malades un lourd tribut. Les soins reviennent le plus souvent à pas moins de 40 000 DA, cas d?une intervention pour un fibrome, alors que sur la facture, l?on ne mentionne que des miettes. Si le patient doit se contenter d?une petite poignée de dinars en guise de remboursement, effectué sur la base de la feuille de maladie, le propriétaire, lui, conventionné à la Cnas, échappe au fisc à chaque opération juteuse et est heureux d?engranger des recettes alléchantes, au mépris de la loi et surtout de l?éthique. Cette situation lui permettra en outre de payer «rubis sur l?ongle» tout le personnel et de gagner plus en un temps record. Les récriminations des femmes en phase d?accouchement sont là pour mettre à nu ces pratiques douteuses et résolument mercantilistes de certaines cliniques, mais fort heureusement pas toutes. Nombreuses d?entre elles ont dû, en effet, passer sur le billard pour une césarienne qui, forcément, ne s?imposait pas. Facile à en deviner la motivation : une césarienne coûte pas moins de 35 000 DA alors qu?un simple accouchement en vaut seulement 22 000. La différence, qui n?est évidemment pas imposable, va automatiquement dans la poche du «commerçant». D?autres femmes ont dû débourser plus de 20 000 DA pour quelques points de suture au niveau du col de l?utérus pour maintenir le f?tus pour un remboursement qui n?excède pas les 700 DA ! L?autre grief est le manque d?hygiène et la «surpopulation». En effet, plusieurs malades qui croyaient que, chez le privé, les conditions de prise en charge étaient bien meilleures que dans les hôpitaux publics, ont bien vite déchanté. Ils ont constaté, impuissants, les sanitaires sales, les odeurs nauséabondes, l?entassement des lits et l?exiguïté des lieux, eux qui étaient contraints à débourser des millions pour un décor qui laisse à désirer. D?autres ont dû être, à leur grand étonnement, transférés en urgence dans les hôpitaux qu?ils avaient pourtant fuis, car chez le privé, faute de moyens, les soins intensifs n?existent que sur papier !